Numéro 178 / juillet – septembre 2012
Bordels, l’envers du décor

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Éditorial

L’heure des choix
La France vit un élan abolitionniste historique. (…) ce qui doit faire désormais l’objet des discussions est la nécessité de construire des alternatives pour les personnes prostituées, de mettre en place des politiques de prévention et de placer le «client-prostitueur» face à ses responsabilités.

Témoignage

Bordels, la grande imposture
Fiona et Monika ont connu les bordels belges, non loin de la frontière française. Corvéabilité sans limites, alcoolisme obligatoire, concurrence impitoyable, mépris des « clients », elles disent leur quotidien… Grâce à leur parole, si rare, le bordel révèle sa véritable vocation : nourrir l’illusion d’une meilleure sécurité en dissimulant l’exploitation et la violence derrière des murs.
Fiona nous a livré son témoignage en 2009. Le mec paye, il fait ce qu’il veut ; Dans le milieu tout le monde se tait et Fiona, lue par la comédienne Éva Darlan. Le numéro 178 comporte un témoignage inédit, recueilli en 2013 : Pour moi, c’est encore plus dangereux que dans la rue… Monika : nous l’avions rencontrée en 2001. Elle nous confiait son écoeurement et sa détresse : j’ai été détruite, j’ai été violée. Nous ignorons si elle est parvenue à sortir de la prostitution. Monika : Les clients, on leur dit les choses qu’ils ont envie d’entendre

Gros plan sur la Jonquera

Rencontre avec Ségolène Neuville : Les bordels de la Jonquera ont des conséquences sur toutes les femmes Ségolène Neuville, conseillère générale des Pyrénées-Orientales, députée PS et membre de la Délégation aux Droits des Femmes de l’Assemblée nationale, nous expose les grandes lignes d’une recherche novatrice menée à la demande de son Conseil général : une équipe de sociologues a passé au crible l’impact des bordels de la zone frontière catalane – la Jonquera – sur la jeunesse de la région. – Un Appel de la délégation du Mouvement du Nid[Le [Mouvement du Nid, association 1901 agissant sur les causes et les conséquences de la prostitution, reconnue d’utilité publique, est une association de terrain mobilisée auprès de milliers de personnes prostituées dans 29 villes françaises. Le Mouvement du Nid est l’éditeur de la revue Prostitution et Société et de ce présent site.]] de l’Hérault : Les « clients » français, premiers complices de la traite des femmes ! Combien en faudra-t-il encore de ces révélations pour que l’on comprenne ? Pour que la complaisance laisse place à un minimum de conscience ? Quand fera-t-on enfin comme si quelque chose s’était passé à la Jonquera ? À lire sur le site du Mouvement du Nid. – Extrait : Envoyées spéciales à la Jonquera, no woman’s land

En marche vers l’abolition

Abolitionnisme, la mobilisation générale! 67 ans après la fermeture des maisons closes, ce 13 avril 2013 a été l’occasion du plus grand rassemblement abolitionniste jamais organisé en France. 55 associations, de nombreuses personnalités, des politiques mais aussi des « survivantes » de la prostitution se sont rassemblés à la Machine du Moulin Rouge. Le Sénat abroge le délit de racolage, une étape sur le chemin d’une loi d’abolition ? Le Sénat a abrogé le 28 mars 2013 le délit de racolage instauré par la Loi de Sécurité Intérieure du 19 mars 2003. Cette loi, qui pénalisait le fait, par tout moyen, y compris par une attitude même passive, de procéder publiquement au racolage d’autrui en vue de l’inciter à des relations sexuelles en échange d’une rémunération, plaçait les personnes prostituées (mais pas les « clients » prostitueurs) sous la menace de deux mois d’emprisonnement et 3.750 € d’amende.

Dossier : Bordels, l’envers du décor

Bordels, l’envers du décor – dossier PS178Grâce à un joli coup d’audace du magazine féministe allemand EMMA, nous disposons enfin d’un reportage effectué à l’intérieur du Pascha de Cologne, auto-proclamé «plus grand bordel d’Europe». Nous le publions en intégralité et en français, assorti de quelques brèves de notre cru. Notre dossier est librement téléchargeable ! Bars à hôtesses, salons de massage…. La France ne peut guère se poser en exemple. Mais elle a au moins le mérite de ne pas avoir franchi la ligne jaune. Chez nombre de nos voisins – Espagne, Suisse, Belgique, Allemagne, Pays-Bas – les bordels fleurissent avec la bénédiction des autorités et les tenanciers ont pignon sur rue. Dans une Europe réglementariste qui hisse le bordel au rang d’établissement de loisir et se vante de fournir à la moitié masculine de la population des lieux spécialement dévolus à l’exploitation sexuelle des femmes, il nous paraît urgent de regarder en face «l’horreur économique» et humaine que cachent ces lieux normalisés par les manageurs-proxénètes et les experts en marketing. La journaliste Alexandra Eul, dont il faut au passage saluer le sang-froid, s’est présentée sous les dehors d’une postulante au métier si envié de prostituée. Elle nous donne ainsi l’occasion unique de faire la visite et de glaner des informations édifiantes sur les tenanciers, les devoirs auxquels sont astreintes les jeunes femmes… et le prix qu’il leur en coùte. L’occasion pour nous de faire le point sur les conséquences de l’existence de ces établissements et de redire notre opposition totale et définitive à toute velléité d’alignement sur nos voisins européens.

Union européenne : un rêve de proxénète

Deux mots pourraient résumer l’essor des bordels en Europe : gigantisme et normalisation. Le bordel, comme le supermarché, est désormais «hyper» et peaufine son image de complexe de loisirs. Dans une Europe en crise où l’exploitation sexuelle des femmes est un des rares secteurs à ne pas connaître la faillite, un nombre croissant d’«entrepreneurs» proxénètes se disputent le «marché»…
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