Il a beau raffoler des pieds de nez aux autorités et jouer les gros bras sur les plateaux de télé, où il est largement invité, le fameux « Dodo la Saumure » est à nouveau inculpé de proxénétisme et d’incitation à la débauche.
Fort de la complaisance de son pays, la Belgique, pour ses activités de marchand de femmes, il compte bien user de son image de voyou sulfureux pour faire en prison un séjour aussi bref que les précédents.
En Belgique, les tenanciers de maisons de plaisir
peuvent prétendre à la reconnaissance de leurs concitoyens et même des autorités. Prétendument abolitionniste, le pays ferme les yeux sur les « bars » alignés le long de la frontière française et dont personne n’ignore la véritable vocation. Leur propriétaire, Dominique Alderweireld, peut pousser la provocation jusqu’à afficher fièrement sa photo sur ces établissements illégaux avec la mention Dodo la Saumure, depuis 1970
.
Malgré cette habituelle bienveillance, le tribunal de Mons a lancé contre lui le 29 mars 2019 un mandat d’arrêt qui l’envoie derrière les barreaux. Proxénétisme et incitation à la débauche, l’homme a l’habitude. Et il ne sera pas dépaysé. En 2017, il avait déjà fait un séjour en prison pour traite des êtres humains et fraude sociale. Condamné à deux reprises en France pour proxénétisme, il avait écopé en 2012 en Belgique d’une peine de cinq ans de prison avec sursis.
En 2015, inculpé pour proxénétisme aggravé en bande organisée dans l’affaire du Carlton de Lille, il avait mis à profit la présence des caméras et la proximité, dans le box des accusés, avec Dominique Strauss Kahn, pour surjouer le caïd débonnaire et tellement pittoresque ; et sortir relaxé et triomphant du tribunal.
Dodo la Saumure connaît donc bien la prison. Mais il n’y reste jamais longtemps. Sa dernière inculpation pourrait pourtant avoir pour lui des conséquences ennuyeuses. Arrêté pour les mêmes infractions que celles qui lui avaient valu, en septembre 2014, une peine de cinq ans de prison avec sursis probatoire de cinq ans, il pourrait, si l’on compte bien, voir son sursis révoqué.
Mais le vieux briscard, ex petit délinquant devenu dirigeant d’un réseau de machines à sous puis patron de bordels, va tout faire pour effacer une partie de l’ardoise grâce à un discours rôdé puissamment relayé par ses avocats. Militant de la légalisation du proxénétisme, l’homme s’appuie sur l’indulgence continue dont jouissent ses activités et met en avant l’hypocrisie
de son pays, la Belgique, où la prostitution est tolérée mais où les textes continuent d’en limiter l’exploitation.
Sur ce point, il sera difficile de lui donner tort. De plus, il pourra s’appuyer sur une image savamment travaillée. Ses mémoires
, qui ont fait beaucoup de bruit en 2013, avec l’appui complaisant du monde de l’édition et des médias, ont vu leur force de frappe renforcée par son apparition dans un clip du rappeur Seth Gueko.
La mythologie du maquereau tellement libre et au dessus des lois, malgré son parfum parfaitement rance, fonctionne toujours ; et elle sert aux maquereaux du réel à échapper à la justice. Les autorités judiciaires seront-elles dupes ?