8 ans de prison pour le violeur d’une prostituée trans sans papiers

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Un procès rare s’est tenu en mars 2021 aux Assises de Paris. Un procès dont le verdict montre une prise de conscience croissante des tribunaux face à la vulnérabilité des personnes prostituées. 

L’extrême vulnérabilité de la victime, dont a voulu profiter l’agresseur, a pesé dans la balance. Reconnu coupable, le violeur a été condamné à huit ans de prison.

C’est un procès pour viol exceptionnel. Non seulement Cristina, péruvienne de 39 ans, était une femme prostituée mais elle était transgenre et sans papiers. L’agression qu’elle a subie, d’une violence insoutenable et sous la menace d’un couteau, a eu lieu en novembre 2018 au Bois de Boulogne. Il semble que l’homme de 28 ans n’ait « pas supporté » le refus qu’elle a opposé à certaines de ses demandes. En état de choc, elle a du être hospitalisée en psychiatrie.

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Par chance, Cristina avait eu la présence d’esprit de relever le numéro de sa plaque d’immatriculation. Et malgré sa situation irrégulière, elle a eu le courage de porter plainte. Alors que trop d’affaires de ce type n’ont pas de suites judiciaires, le procès qui s’est ouvert le 16 mars 2021 fait donc date. Celui-ci n’a pas été relégué en correctionnelle mais bien jugé en cour d’assises comme il est normal pour une affaire de viol.

Jugé pour « viol commis sous la menace d’une arme », « vol » et « récidive de recours à la prostitution », l’accusé a tenté, via son avocat, d’obtenir l’indulgence du tribunal en évoquant un passé difficile. Il avait du fuir, enfant, la guerre civile dans son pays natal, le Congo. Et il aurait, à 5 ans, subi lui-même une agression sexuelle.

L’existence même de ce procès, son verdict, montrent que le seuil de tolérance aux violences que subissent ces personnes particulièrement vulnérables, cibles favorites des prédateurs sexuels, continue de s’abaisser. C’est ce qu’il faut retenir d’une affaire qui rappelle au passage le risque pris par les personnes prostituées lorsqu’elles opposent à des « clients » prostitueurs un refus et expriment leur propre volonté : désormais, la justice est capable d’y répondre. La violence envers ces personnes est même dotée d’une circonstance aggravante depuis la loi d’avril 2016.