En 2018, la délégation de l’Hérault a multiplié les actions de prévention dans les établissements scolaires : 25 établissements ont reçu une intervention, touchant près de 3 000 jeunes. L’équipe est de plus en plus alertée par les chefs d’établissement et le personnel de santé sur des comportements pré-prostitutionnels et des violences sexuelles.
Ces comportements touchent de plus en plus de jeunes, de plus en plus tôt et souvent sans la conscience des conséquences physiques et psychologiques qu’ils peuvent engendrer. Les responsables d’établissement sont souvent démunis pour y répondre.
Aujourd’hui, les garçons comme les filles ont besoin de comprendre ce qui peut amener une fille, un garçon, un.e ami.e, un.e proche… à être acteur ou victime de discriminations ou de violences sexistes ou à tomber dans le piège d’une relation sexuelle marchande en tant que client.e, prostitué.e ou proxénète.
Les collèges nous demandent une prévention ciblée sur les rapports et relations filles/garçons, les violences sexistes et les représentations des jeunes tandis que les lycées nous demandent une prévention sur les risques prostitutionnels et les violences sexuelles. Évidemment, l’âge des élèves influe sur le type d’intervention que propose l’équipe, qui s’adapte dans ce sens.
Les interventions de prévention de l’Hérault s’inscrivent dans le cadre de l’éducation à la sexualité pour prévenir des conduites pré-prostitutionnelles. Dès que la sexualité est utilisée comme une monnaie d’échange, on est dans une démarche pré-prostitutionnelle. Il s’agit de prévenir l’instrumentalisation de la sexualité, question prégnante dans notre environnement social et médiatique et qui renvoie plus globalement à des relations filles – garçons, hommes-femmes, au moins inégalitaires – si ce n’est violentes. Et les violences à l’encontre des femmes constituent un terrain fertile à partir duquel se développe la prostitution.
En effet, le risque prostitutionnel se compose de facteurs individuels, familiaux, socio-économiques et environnementaux. Pris individuellement, aucun d’entre eux ne suffit à expliquer l’entrée dans la prostitution. Il y a une question d’interaction entre ces facteurs et une question de contexte. Ce qui sert de déclencheur, et qui renvoie à un niveau interpersonnel donc aux compétences psychosociales, c’est toujours la rencontre avec le « milieu » : soit à partir de la fréquentation de groupes déviants, soit
en imitation d’un.e copain/copine, soit, et c’est plus fréquent, à partir d’une relation affective. Il y a plusieurs manières d’entrer dans la prostitution mais on retrouve massivement cet élément déclencheur : la rencontre avec une personnalité manipulatrice qui va exploiter la vulnérabilité affective d’un.e jeune.
C’est pourquoi la délégation accorde une grande importance au développement de l’estime de soi pour prévenir les conduites à risques et propose quelques outils pour la nourrir. L’intervention entraîne à l’utilisation des compétences psycho-sociales et plus particulièrement relationnelles, qui jouent un rôle important dans le bien- être physique, mental et social de l’individu en augmentant le sentiment d’efficacité personnelle, la confiance et l’estime de soi. En matière de santé et de sexualité, chez les jeunes notamment, elles favorisent l’adoption de comportements responsables.
La démarche pédagogique
La prévention fondée uniquement sur l’information et la remise en question des représentations sociales est insuffisante ; car c’est se limiter à du discours. La délégation accorde un long temps à la prise de parole des jeunes lors des actions de prévention. Les bénévoles et les animateurs.trices n’arrivent ni en donneurs de leçons, ni en moralisateurs. Ils ont pour consigne de permettre aux jeunes de prendre la parole pour exprimer des doutes, s’affirmer, questionner, réagir, proposer d’être acteur de prévention.
Les outils du Mouvement du Nid favorisent le débat. Ils se veulent de qualité, diversifiés dans leurs formes et leurs contenus et toujours réalisés pour éclairer les jeunes sur un sujet tabou.
Parmi les thèmes que la délégation travaille avec les jeunes et en concertation avec l’équipe socio-éducative et professionnel.le.s de santé, citons : l’éducation à des relations amoureuses et sexuelles égalitaires, fondées sur le respect de l’autonomie et des désirs d’autrui ; la prévention de la marchandisation et de l’instrumentalisation de la sexualité afin de limiter les comportements pré-prostitutionnels et réduire les risques des violences sexistes et sexuelles ; la sensibilisation aux risques liés aux réseaux sociaux, au cyber-harcèlement et aux contenus pornographiques ; l’information sur les législations.