Le vote par l’Assemblée nationale, en dernière lecture, de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel est une victoire historique. La loi met fin à 76 ans de répression à l’encontre des personnes prostituées en abrogeant le délit de racolage et offre de nouvelles perspectives pour la prévention, la réinsertion et l’accompagnement. En sanctionnant le recours à la prostitution, elle pose une nouvelle étape dans la défense de la liberté et l’autonomie sexuelles : il est interdit d’imposer à autrui un acte sexuel par contrainte financière.
Les députéEs ont ainsi voté, à la majorité absolue, en faveur d’un texte transpartisan, qui a bénéficié d’un long travail des éluEs et de la société civile. Nous pensons en premier lieu aux milliers de personnes prostituées que nous rencontrons chaque année
, a déclaré Jacques Hamon, président du Mouvement du Nid. Aujourd’hui, la société, de la manière la plus solennelle, déclare qu’elles ne sont plus des délinquantes. Au contraire, la loi reconnait le préjudice qui leur est causé dans la prostitution et ouvre de nouveaux moyens pour les soutenir.
Quant à la pénalisation des « clients », cette mesure nécessaire répond à plusieurs enjeux. De manière pragmatique, rappelle Grégoire Théry, c’est une condition sine qua non d’une action efficace contre le trafic des êtres humains, qui n’existe que pour répondre à la demande des “clients”. Les personnes prostituées trouveront également plus aisé de porter plainte contre un “client” violent dans ce nouveau cadre juridique, qui inverse la responsabilité pénale et les libère de la répression.
La loi accorde une grande attention à la prévention et s’inscrit dans la lutte contre les violences et pour la promotion femmes / hommes, dans la lignée de la législation punissant le viol puis le viol conjugal. Claire Quidet, porte-parole du Mouvement du Nid, souligne cette dimension : Tous les garçons qui grandiront désormais en France sauront que, de même qu’il est interdit de voler, de tuer… il est interdit de s’emparer du corps, de la sexualité d’autrui par la force ou par l’argent. C’est aussi un message puissant envoyé aux filles, qui rappelle qu’elles ont le droit de vivre en toute autonomie leur sexualité.
Pour le Mouvement du Nid, la loi qui vient d’être votée est un véritable renversement des politiques publiques. L’association se réjouit de l’abrogation du délit de racolage et appelle à la mise en œuvre immédiate des mesures de protection, d’accompagnement et de sortie de la prostitution prévues par le texte. Soixante-dix ans après la loi dite Marthe Richard, qui a décidé de la fermeture des maisons closes, ce vote historique ouvre la porte à une politique inédite et de taille à affronter les enjeux posés par le système prostitueur dans ses dimensions actuelles, appuyé sur les nouvelles technologies et tirant profit de toutes les vulnérabilités.