Suite au meurtre de Vanesa Campos, cette femme trans péruvienne de 36 ans, dans la nuit du 16 au 17 aoùt dernier, 8 personnes ont été interpellées et 5 mises en examen. Une information judiciaire est ouverte. Le Mouvement du Nid salue l’interpellation rapide des auteurs présumés et envisage de se porter partie civile dans cette affaire, particulièrement emblématique de la violence du système prostitueur, pour que des peines à hauteur de la gravité du crime soient prononcées à l’encontre des auteurs.
Plusieurs médias avancent par ailleurs que l’arme du crime, un Sig Sauer de la Police nationale, pourrait être un pistolet volé à des policiers alors qu’ils recouraient à la prostitution des personnes qu’ils sont censés protéger, et non pas exploiter sexuellement. Si ces faits extrêmement graves étaient avérés, le Mouvement du Nid exige une réponse pénale et administrative exemplaire.
Au-delà de la sanction indispensable, il faut que l’ensemble des personnes chargées de la protection des victimes connaissent la nouvelle loi, soient formées à son application sur le terrain, pour rompre avec une tradition d’impunité en matière de violences faites aux personnes prostituées.
Alors que plusieurs associations ont affirmé ces derniers jours que ce meurtre serait la conséquence de l’adoption de la loi du 13 avril 2016, le Mouvement du Nid affirme qu’il n’en est rien et qu’il faut au contraire accélérer la mise en œuvre des dispositions protectrices de la loi.
« Il est parfaitement irrationnel de penser que c’est la pénalisation des clients prostitueurs, remplaçant celle des personnes prostituées elles-mêmes, qui a poussé cinq à huit agresseurs qui sévissaient déjà dans le Bois de Boulogne avant la loi à assassiner Vanessa Campos » estime Christine Blec, présidente du Mouvement du Nid. « Chaque année, et ceci depuis bien avant la loi de 2016, des personnes prostituées sont assassinées. Dans la grande majorité des cas, par des clients prostitueurs, parfois par d’autres personnes qui exploitent leur situation. ». Lorraine Questiaux, responsable de la délégation de Paris, renchérit : « Cela prouve que ce n’est en aucun cas le lieu de prostitution qui est un facteur déterminant mais bien plutôt le sentiment de pouvoir, de haine et d’impunité qui peut animer les clients prostitueurs envers des personnes prostituées ».
Dépénaliser l’achat d’acte sexuel et le proxénétisme, comme le demande le lobby du « travail du sexe », ne ferait que renforcer ces violences : c’est ce que démontre l’expérience de l’Allemagne, 17 ans après la légalisation [[https://www.trauma-and-prostitution.eu/fr/2018/06/10/situation-en-allemagne-17-ans-apres-la-depenalisation-du-proxenetisme]] Pendant cette période, 80 personnes prostituées ont été assassinées alors qu’en Suède, il n’y en a eu aucune depuis le votre de la première loi de pénalisation du client au monde.
La loi d’avril 2016 offre au contraire des outils concrets qui permettent de faire reculer les violences et l’extrême vulnérabilité des personnes prostituées. Il faut donc que le Gouvernement garantisse leur mise en œuvre immédiate, et débloque des moyens budgétaires pour le faire :
1- La loi a créé une circonstance aggravante pour toute violence à l’encontre des personnes prostituées. Cette mesure dissuasive doit être utilisée dans toutes les procédures de violence à l’encontre des personnes prostituées.
2- La loi instaure un nouveau titre de séjour de protection pour les personnes prostituées étrangères. La généralisation de son octroi est une des mesures de protection les plus fortes pour lutter contre la vulnérabilité et l’isolement des personnes prostituées étrangères. Elle peut aussi largement contribuer à rétablir un sentiment de confiance entre les personnes prostituées et la police.
3- La loi impose à tous les préfet.e.s de France d’adopter une politique de protection et d’assistance aux personnes prostituées sur leur département, en plus d’une politique de sortie de la prostitution. Nous demandons au ministère de l’Intérieur la publication urgente de ces plans d’actions dans tous les départements.
4- Cette situation rappelle de façon dramatique à quel point la formation de l’ensemble des professionnel.le.s prévue dans la loi, y compris des policiers, est une priorité.
Nous demandons donc un rendez-vous urgent à Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, et réitérons notre appel au Président de la République de faire de l’application de la loi du 13 avril 2016 une priorité.