PPL prostitution au Sénat : un vote réac, déshonorant et irresponsable !

809

Après 16 mois de travail qui n’auront servi au final qu’à revenir au statu quo, le Sénat vient de rendre son verdict en rétablissant le délit de racolage et rejetant la pénalisation des clients de la prostitution.

Nous dénonçons avec la plus grande vigueur un vote qui ne peut être qualifié autrement que de machiste et réactionnaire, a déclaré Grégoire Théry, secrétaire général du Mouvement du Nid, à la sortie du vote. Le Sénat a choisi de protéger l’impunité complète des « clients » et préfère encore pénaliser les personnes prostituées plutôt que de remettre en cause ces hommes qui imposent un acte sexuel par l’argent.

Annonce

Il faut croire que les sénateurs UMP n’ont pas peur du ridicule et qu’ils n’ont aucun scrupule à abandonner les victimes à leur sort 16 mois après l’adoption du texte à l’Assemblée nationale, a renchéri Claire Quidet, porte-parole de l’association. Car après avoir expliqué pendant toute la discussion générale que la prostitution était une violence et que la situation actuelle des victimes de la prostitution était dramatique, une majorité de sénateurs a voté pour le statu quo, c’est à dire un retour en arrière de 10 ans.

Le Mouvement du Nid rappelle que dès le 8 juillet 2014 en commission spéciale, 75% des sénateurs ayant voté pour la pénalisation des clients étaient des femmes alors que 75% des sénateurs ayant voté contre étaient des hommes. Il rappelle aussi que dans son classement mondial sur l’égalité femmes-hommes, publié en octobre 2014, le Forum Economique Mondial indiquait que la Suède, la Norvège et l’Islande, trois premiers pays au monde à avoir dépénalisé les personnes prostituées et pénalisé les clients, faisaient partie des quatre pays au monde les plus avancés en matière d’égalité femmes-hommes.

Il note enfin que la Suède comptait, dès 1999, 48% de femmes au Parlement au moment de l’adoption de sa législation abolitionniste.

Dans cette continuité, le Mouvement du Nid tient à saluer la mobilisation remarquable de nombreuses sénatrices de tous bords qui se sont exprimés avec cohérence, force et clarté lors du débat. De Laurence Cohen (CRC) à Chantal Jouanno (UDI), en passant par Michelle Meunier, Claudine Lepage, Maryvonne Blondin (PS) et plusieurs de leurs collègues CRC et socialistes, les discours des sénatrices abolitionnistes auront marqué les débats et ringardisé les très rares discours de justification d’un maintien du délit de racolage a ainsi tenu à souligner Jacques Hamon, président du Mouvement du Nid. Ce sont ces voix fortes et claires que l’Histoire retiendra très prochainement. Ces sénatrices, ont d’ailleurs pu compter sur le soutien et la détermination de la Secrétaire d’Etat aux droits des Femmes, Pascale Boistard, mais aussi de plusieurs sénateurs, dont Roland Courteau et Philippe Kaltenbach, qui se sont honorés par leur mobilisation contre l’exploitation des plus vulnérables par les clients de la prostitution.

A l’inverse, et il faut aussi le souligner, si le délit de racolage a été rétabli par un amendement UMP, ces défenseurs sont restés quasi invisibles. En effet cet amendement n’a été voté que grâce au recours de l’UMP au scrutin public qui lui a permis de faire voter en groupe près de 150 sénateurs alors qu’on n’en comptait pas plus de 5 en séance.

A l’issue de ce vote au Sénat, et en se félicitant de la détermination de l’Assemblée nationale et du Gouvernement, le Mouvement du Nid reste mobilisé et confiant pour la suite du processus parlementaire qui ne pourra maintenir ce retour déshonorant au statu quo alors que des dizaines de milliers de victimes de la prostitution attendent d’être enfin reconnues comme telles et soutenues dans leurs efforts de reconstruction et d’accès aux droits.