Toulouse : une équipe hyper-dynamique

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Hyper dynamique, la délégation de Haute-Garonne agit sur tous les fronts, de l’accompagnement à la sensibilisation en passant par la prévention et la formation.

Après des années d’une intense activité avec une équipe seulement constituée de bénévoles, la délégation basée à Toulouse connaît depuis un peu plus d’un an une mini-révolution. Elle accueille désormais une salariée, Anne-Marie, chargée de prévention et d’accompagnement mais qui participe également à la coordination de toute la délégation. De quoi ajouter encore de l’activité à l’action locale. Et de l’activité, il y en a  !

Accompagnement inconditionnel à Toulouse

D’abord, il y a l’accompagnement inconditionnel. Aide aux démarches, situations d’urgence, accompagnement social et juridique… c’est le cœur et le fil conducteur de l’activitédles bénévoles. 50 permanences dans l’année, 90 personnes différentes accompagnées régulièrement.

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Toulouse Noémie dit oui
L’équipe de Haute-Garonne lors de l’avant-première de Noémie dit oui

Le parcours de sortie (PSP) occupe une grande part du temps d’accompagnement. En 2022, douze femmes étaient en PSP. Depuis leur création, ce sont au total 21 femmes qui  ont bénéficié du dispositif légal prévu par la loi de 2016.

La majorité des personnes accompagnées sont toujours des femmes nigérianes. Ce qui est nouveau depuis quelques années, c’est qu’elles sont désormais presque toutes mères.

« On se rend compte de plus en plus que les enfants de personnes en situation de prostitution sont, comme les victimes de violences conjugales, co-victimes ».

« Les Nigérianes ne sont plus des primo-arrivantes mais là depuis un moment. Elles viennent à nous avec des enfants. On a un ‘problème de poussettes’. Les bébés dorment au local », explique Marylise, co-responsable de la délégation.

« Nous essayons de mettre en place des activités pour recréer du lien, notamment avec des ateliers liés à la parentalité », poursuit-elle. « On se rend compte de plus en plus que les enfants de personnes en situation de prostitution sont, comme les victimes de violences conjugales, co-victimes ».

Pour recréer ce lien vital, l’équipe met en place de nombreuses activités. Anne-Marie organise notamment des ateliers de soutien à l’estime de soi, et emmène les femmes en sortie à l’extérieur, au Jardin des plantes ou au musée.
« Au départ, explique Marylise, on craignait un peu que cela ne ‘prenne pas’. Mais je suis optimiste, car dès la première sortie, deux femmes qui ne se connaissaient pas ont parlé ensemble. À la fin d’une sortie, deux femmes se sont mises à chanter: Cela nous a donné l’idée de mettre en place une chorale ; Nous avons trouvé une cheffe de choeur prête à participer ».

L’équipe essaie également de mettre en place des ateliers cuisine. L’objectif, toujours, briser l’isolement prostitutionnel dans lequel les personnes ont trop longtemps été enfermées.

A lire également, notre dossier : « Se libérer, elles s’en chargent »

Un grand projet de théatre forum

Après deux années difficiles pour la prévention en raison du COVID, les bénévoles se consacrant d’abord à l’urgence liée à la crise sanitaire, l’activité a été relancée par l’arrivée d’Anne-Marie. Elle intervient dans les lycées, les collèges, et bien au-delà de Toulouse. En 2022, 678 élèves ont ainsi été rencontrés. La demande est forte et en croissance.

En outre, l’équipe s’est lancée dans un grand projet de théatre forum. « On avait déjà travaillé avec la troupe, qui s’appelle l’Ecole citoyenne, et ça marchait du tonnerre. Là c’est un projet plus ambitieux encore », explique Marylise.
L’idée est d’organiser des séances avec les scolaires mais aussi des séances pour les parents et travailleurs sociaux/travailleuses sociales. L’équipe a choisi d’axer le projet sur la prostitution des mineur·es, et fait appel à une survivante, Alexine Solis, qui intervient comme experte au fil des ateliers d’écriture.

Le «  client  » prostitueur en ligne de mire

La délégation travaille avec sa voisine de l’Hérault et les déléguées aux droits des femmes des départements de l’ancienne région Midi-Pyrénées pour la formation des professionnel·les : l’idée est de les former au phénomène prostitutionnel via la compréhension du rôle des prostitueurs, sans qui il n’y aurait pas de prostitution. Pour cela, les deux délégations prévoient trois sessions sur l’année 2023, en mai à Toulouse, juin à Auch et novembre à Montpellier, où sera déclinée la formation nationale sur le sujet.

Par ailleurs, la délégation de Haute-Garonne est mandatée pour co-organiser les stages « clients » sur le département. Malheureusement, la pénalisation ne suit pas et les stages sont annulés les uns après les autres. Seuls deux ont pu se tenir en 2022, aucun n’a encore eu lieu en 2023.

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En 2016, ces affiches avaient été diffusées à l’occasion de l’Euro de football

Le prostitueur sera aussi destinataire d’une prochaine campagne de sensibilisation autour de la coupe du monde de rugby au mois de septembre. L’équipe prévoit une campagne d’affichage sur le thème « Le prix d’une passe n’est pas celui que tu crois ». 70 espaces publicitaires de 2m2 (abribus) pendant les 15 derniers jours de la coupe du monde qui devraient, selon les estimations du publicitaire Decaux, être vus par 1,2 million de personnes.
Une belle occasion alors que les événements sportifs sont connus pour provoquer une augmentation de la demande.

Comme par exemple pendant les grands prix de Formule 1  : celui de Montreal est d’ailleurs au cœur du film Noémie dit oui, que le Mouvement du Nid soutient. L’équipe de Toulouse a organisé, le 14 avril, une avant-première du film avec d’autres associations abolitionnistes locales. Le film y a fait l’unanimité  !