Notre rapport annuel est disponible ! 2018 a été une année marquée par une forte augmentation des demandes d’accompagnement auprès de notre association et par la mise en oeuvre de la loi du 13 avril 2016, notamment au travers de ses parcours de sortie. Nos près de 500 bénévoles, dans 27 délégations et antennes, ont rencontré plus de 5 900 personnes, accompagné 1 300 d’entre elles, et fait plus de 30 000 heures de bénévolat !
Agréée dans 17 départements, nos délégations ont par ailleurs accompagné 40 personnes qui ont pu bénéficier d’un parcours de sortie de la prostitution
Mettre en œuvre l’abolitionnisme, à l’écoute des personnes prostituées,
avec inventivité et persévérance
EN 2018, le fait le plus marquant est pour nous la libération de la parole des victimes de la prostitution, 2 ans après l’adoption de la loi du 13 avril 2016 qui mettait en n un terme à la pénalisation des personnes prostituées et à l’impunité des « clients ». Les visites dans nos locaux (13 573) ont augmenté de près de 30 % ! Près de 6 000 contacts ont été établis sur les lieux de prostitution et via Internet et plus de 1 300 personnes ont été accompagnées. C’est pournous un signe fort que les personnes prostituées refusent toute fatalité.
Mise en oeuvre du volet social de la loi
Nombreuses sont celles qui attendent un soutien de l’État notamment via les parcours de sortie de prostitution. Les 16 délégations agréées du Mouvement du Nid ont travaillé étroitement avec les com- missions départementales sur le sujet. Pour celles qui y ont eu accès, c’est un véritable changement de vie qui commence. La mise en œuvre de ces parcours a impliqué des dizaines de bénévoles et salarié.e.s dans nos délégations, mobilisé.e.s à la fois pour cet accompagnement et pour la formation et la sensibilisation des institutions.
Dans le même temps, les personnes prostituées sont plus nombreuses à vouloir témoigner publiquement des violences qu’elles ont subi. Fidèle à son engagement depuis plus de 80 ans, en 2018, le Mouvement du Nid a encore été le premier relais de la parole des personnes concernées au premier chef par la violence du système prostitueur. Dans les médias et dans les événements publics comme celui que nous avons organisé le 23 novembre, une conférence inédite réunissant huit survivantes de di érents pays, la honte commence à changer de camp.
Contrairement à ceux qui semblent découvrir qu’il y a des violences dans la prostitution, nous savons qu’elles existaient avant la loi. Ce qui a changé, c’est que plus qu’auparavant, les violences sont exprimées par les personnes elles-mêmes ! Elles se sentent davantage légitimes à demander une reconnaissance des violences subies et à réclamer que justice soit faite.
Et l’association a été, à leurs côtés, particulièrement active sur le front judiciaire. Elle a décidé de se porter partie civile systématiquement en cas de meurtre de personne prostituée, et s’est portée partie civile dans des procès de proxénétisme (Rennes), ou de viols sur personnes vulnérables (Metz). Nous avons obtenu des sanctions pénales exemplaires à l’encontre des agresseurs.
Contre le système prostitueur
L’association a été mobilisée aux côtés des personnes prostituées donc, mais aussi contre le système prostitueur. Deux délé- gations ont préparé et mis en œuvre des stages « clients ». Faire en sorte que la loi serve aussi à décourager la demande par la responsabilisation des « acheteurs » de sexe, en les confrontant à la réalité de leurs actes, est un pas essentiel vers un changement des mentalités, auquel l’association contribue (voir page 38).
Autre axe majeur pour faire évoluer la société : la prévention. Alors que la lutte contre la marchandisation de l’être humain fait désormais partie des programmes de l’Éducation nationale, les actions de prévention dans les collèges et lycées sont en nette augmentation. En 2018, 21 000 jeunes ont été sensibilisés pour plus de 6 000 heures de bénévolat. L’émergence de la question de la prostitution des mineur.e.s, croissante ou dont la visibilité augmente, s’est manifestée par une augmentation des classes rencontrées par nos délégations. Et l’association a continué son engagement auprès du grand public en multipliant par deux le nombre d’événements de sensibilisation (164) et en continuant d’éditer et de di user la revue Prostitution et Société.
Le Mouvement du Nid a initié la mobilisation de l’opinion publique et le combat juridique contre la question prioritaire de constitutionnalité déposée par les associations réglementaristes. Cette attaque idéologique a contraint l’association, nationale- ment et localement, à se mobiliser avec ses allié.e.s pour rétablir la vérité et montrer que la loi, si elle ne produit pas encore tous ses e ets, est juste. La campagne #nabrogezpas a très largement mobilisé en décembre et le succès acquis début 2019 par la décision du Conseil constitutionnel a permis de se concentrer sur l’objectif premier : mettre en œuvre la loi.
En 2018 encore, le Mouvement du Nid a donc été sur tous les fronts, résistant aux obstacles, mais aussi en développant sa créativité et son inventivité pour faire avancer concrètement la mise en œuvre d’une société sans prostitution.
Christine Blec,
Présidente nationale du Mouvement du Nid-France
Rapport annuel 2018Téléchargez notre rapport annuel complet ici