Nous avons appris avec une grande tristesse la mort de Maudy Piot, membre du Haut Conseil à l’Egalité entre les Femmes et les Hommes. Elle est décédée le jour de Noël, ce 25 décembre 2017, à 76 ans. Psychanalyste, elle-même malvoyante, elle était présidente et fondatrice (en 2003) de l’association Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir (FDFA), dont l’objectif prioritaire était de « lutter contre la double discrimination qu’entraîne le fait d’être femme et handicapée ». Sa détermination et son énergie sans faille vont nous manquer.
En mars 2015, son association avait lancé la plateforme d’écoute et d’accompagnement Écoute Violences Femmes Handicapées (01 40 47 06 06). FDFA était membre du collectif Abolition 2012 qui a milité sans relâche pour obtenir en avril 2016 le vote de la loi de lutte contre le système prostitutionnel.
Le Haut Conseil pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes, dont elle était membre, a salué une « détermination sans faille à rendre visible et reconnaître les violences spécifiques dont sont victimes les femmes handicapées ». La secrétaire d’Etat Marlène Schiappa a fait part de sa tristesse tandis que la maire de Paris Anne Hidalgo et l’ancienne ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol ont toutes deux salué « une amie ».
Une grande vigilance face à « l’accompagnement sexuel », institutionnalisation de la prostitution
A notre tour, nous voulons rendre hommage ici à celle qui a tant bataillé à nos côtés pour montrer en quoi l’engagement de certaines associations de personnes handicapées en faveur de la création de services spécifiques « d’accompagnement sexuel » n’était rien d’autre qu’une institutionnalisation de la prostitution. Pour Maudy, il était clair que cette nouvelle exigence était une demande essentiellement masculine dont les premières victimes seraient des femmes : « Je suis contre la prostitution sous toutes ses formes, même au bénéfice des personnes handicapées » disait-elle courageusement, invoquant la réciprocité du désir et le respect de l’autre, des exigences universelles. Avec nous, et dès avant la loi de 2016, elle défendait l’exemple de la Suède et de la Norvège, qui avaient voté l’interdiction de tout achat d’acte sexuel et étaient dans le même temps exemplaires en matière de politiques sur le handicap.
Les femmes en situation de handicap, premières victimes de violences
Qui aujourd’hui saura prendre le relais et rappeler que les femmes en situation de handicap sont, bien que silencieuses, les premières victimes de violences, notamment sexuelles ? Qui saura comme elle militer pour la défense des droits des personnes handicapées sans perdre de vue celle de l’égalité entre les femmes et les hommes ? En la matière, Maudy a fait sa part avec une énergie farouche, malgré son propre handicap qui ne semblait jamais limiter aucun de ses gestes, aucun de ses projets. Nous voulons lui dire ici que nous continuerons à défendre nos idées communes. Elle peut compter sur nous.