Un joli monde, romans de la prostitution

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La prostitution dans la littérature française de la fin du XIXe siècle? Un « lieu commun » pour Maupassant ou Zola, Léon Bloy ou Huysmans … Inlassablement, ils l’ont fantasmée, écrite, blamée, défendue.

De cette obsession, la collection Bouquins porte témoignage, dans l’anthologie Un joli monde, romans de la prostitution présentée et commentée par Mireille Dottin-Orsini et Daniel Grojnowski, deux universitaires spécialistes de la période.

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Elle regroupe des œuvres bien connues comme Nana et Boule de Suif, mais fait aussi place à des œuvres plus marginales comme Marthe, histoire d’une fille, le premier roman de Huysmans ou La fille Elisa d’Edmond de Goncourt, sans parler des œuvres d’Octave Mirbeau ou Jean Lorrain.

Au-delà de la variété des styles et des expériences, un constat s’impose : il y a une unicité de la représentation de la personne prostituée et de son histoire; un « type » se dégage ainsi que des « scènes à faire ». Fille de la misère, stupide et souvent « végétale » ou « bestiale », elle est vouée à des amours violentes et dérisoires, aux déchaînements hystériques et au vide spirituel-, quand elle n’est pas tout bonnement meurtrière comme la fille Elisa.

Empêtrés dans leurs contradictions, à la fois clients et contempteurs de la prostitution, les auteurs se réfugient dans une misogynie où se lisent leurs peurs identitaires, parfois doublées d’un mépris de classe. Les documents complémentaires comme la fameuse enquête de Parent-Duchâtelet sur la prostitution à Paris (1836), ou quelques rares lettres de « filles » – apportent un éclairage plus direct sur des trajectoires que les auteurs les plus réalistes n’ont – paradoxalement – fait qu’effleurer.