Allemagne : l’entreprise, un monde interdit aux femmes

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Le 18 mai 2011, le quotidien d’information économique allemand Handelsblatt révélait qu’une compagnie d’assurance munichoise avait « récompensé » des commerciaux méritants en leur offrant une vingtaine de prostituées lors d’un voyage en Hongrie. Une « prime » en chair humaine qui en dit long sur la place – réelle et symbolique – réservée aux femmes dans le monde de l’entreprise…

Les faits se sont déroulés en 2007, dans les célèbres Bains Gellert de Budapest, privatisés pour l’occasion. Les femmes livrées en récompense aux employés étaient affublées d’un bracelet de couleur, qui précisait leur statut de marchandise : bracelet jaune, « simple » prostituée, bracelet blanc, denrée réservée aux « chefs ». Les jeunes femmes recevaient un coup de tampon après un acte sexuel, de manière à indiquer le nombre de fois où elles avaient « servi » dans la soirée.

L’annonce de cette révoltante « gratification salariale » met en lumière quelques questions dérangeantes. Les pays de l’Union européenne prétendent à qui mieux mieux s’attaquer aux chantiers de l’égalité professionnelle femmes-hommes, en terme de salaires , d’accès aux responsabilités…

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Face aux belles déclarations, cette virée au bordel – véritable démonstration de force – affirme brutalement la main-mise masculine au sein de l’entreprise : le cercle très fermé des cadres à haut niveau de responsabilités s’affiche ostensiblement en monde d’hommes, où la connivence masculine s’incarne dans ce « loisir » qu’est l’exploitation sexuelle des femmes.

À la suite des révélations d’Handelsblatt, plus de quatre ans après les faits, l’entreprise concernée – Munich Re – aurait licencié quelques uns des responsables de cette virée prostitutionnelle, selon le Global Post, et ne devrait pas pousser l’enquête beaucoup plus loin.

On ne peut que relever le fait que cette « prime » toute particulière ait été attribuée dans un pays où le proxénétisme est légalisé et le recours à la prostitution, banalisé. Est-il déplacé de soupçonner un rapport de cause à effet entre la légitimation incessante des prostitueurs et des proxénètes, et ce faits-divers, exemple chimiquement pur de domination sexiste ?


Un témoignage : Fiona, http://www.prostitutionetsociete.fr/temoignages/fiona-2-2-dans-le-milieu-tout-le

Dans les pays où c’est légalisé, comme la Belgique, la Hollande, les filles trouvent ça normal. Elles ont grandi avec ça. Elles savent que leur père y va tous les week-ends. Ca fait partie de la vie du pays. Les hommes aussi trouvent ça normal. (…) En Belgique, même les enfants savent que leur père y va. Les patrons viennent avec leurs clients. C’est la norme. (…) Ils viennent sans honte. Nous, on sait qu’on va être salies.