La loi ProstG, qui a donné le pouvoir aux tenanciers et proxénètes, semble indéboulonnable. La fuite en avant continue.
Le conseil des ministres allemand a validé le 24 mars 2016 un projet de réforme visant à renforcer la protection des travailleuses du sexe
face à l’exploitation par des tiers et aux maladies sexuellement transmissibles, rapporte la presse allemande.
Le texte, qui devrait encore être examiné par le parlement, devrait entrer en vigueur en 2017. Les constats qu’il aligne une nouvelle fois, et auxquels il tente pathétiquement de donner des réponses, est l’aveu de l’échec total de la loi de 2002.
Le bateau prend l’eau de toutes parts et le gouvernement tente de colmater les brèches. Il est ainsi question d’assainir le milieu de la prostitution des réseaux de proxénétisme ; d’examiner le casier judiciaire des futurs exploitants de bordels ; de sommer les personnes prostituées de déclarer leur activité et de passer une visite médicale obligatoire ; de leur interdire de se regrouper dans un appartement ; d’instaurer le port obligatoire du préservatif. On va par ailleurs raboter les pratiques trop choquantes : les gang bangs seront interdits, de même que les « soldes » et autres « forfaits tout compris » qui font actuellement un tabac dans les bordels.
En clair, les réseaux criminels sont aux manettes dans le milieu de la prostitution; les exploitants sont pour un certain nombre d’entre eux des bandits ; les personnes prostituées font tout pour ne pas être identifiées comme « travailleuses du sexe » ; le préservatif est, dans les bordels, passé aux oubliettes. Quelles découvertes !
Ainsi, l’usage du préservatif devient obligatoire sous peine d’amende (50.000 € !). On en rirait si le sujet n’était aussi grave. Comment la police va-t-elle s’y prendre pour s’assurer du respect d’une telle norme ? Est-elle naïve au point d’ignorer que, dans des bordels devenus des entreprises capitalistes ultra-concurrentielles, l’absence de préservatif est le meilleur atout pour complaire à un « client » de plus en exigeant ?
Ces pseudo réformes seront donc un coup d’épée dans l’eau. Au maximum, elles entraîneront quelques efforts supplémentaires pour les criminels qui devront veiller davantage au pedigree de leurs hommes de paille. Du côté des « clients », le confort est garanti : pas l’ombre d’un contrôle de santé qui viendrait à freiner leurs ardeurs, celui-ci restant réservé aux seules femmes prostituées. Pour les personnes prostituées, rien, sinon des promesses d’amendes et pas une seule proposition pour une éventuelle sortie de prostitution.
Rien de nouveau, donc, sous le soleil allemand, sinon un mécontentement quasi général. Les représentantes des « travailleuses du sexe », qui rappellent que la majorité des femmes tiennent par dessus tout à l’anonymat, dénoncent une loi de contrôle et de répression
. Les Verts crient à la stigmatisation croissante et jugent que ces mesures vont pousser plus encore les personnes prostituées dans l’illégalité.
En attendant, la loi ProstG, qui a clairement donné le pouvoir aux tenanciers et proxénètes, semble indéboulonnable. La fuite en avant continue.