La ville d’Amsterdam et sa mairesse Femke Halsema font un pas de plus dans le rejet de ce quartier rouge qui fut longtemps l’attraction touristique numéro un de la métropole néerlandaise.
Lors d’une réunion municipale, le 28 janvier 2021, une majorité de membres se sont prononcés en faveur d’un changement radical de politique. Il s’agira désormais d’attirer « de meilleurs touristes » ; en clair d’en finir avec les bandes de « clients » plus ou moins avinés, rôdant devant les vitrines avec des regards salaces, ainsi qu’avec les étrangers se bousculant dans les coffee shops pour leur ration de cannabis. Le constat est unanime ; ce qui se passe dans le centre ville ne peut pas continuer. La majorité propose donc de fermer une bonne partie des vitrines du quartier De Wallen, le fameux quartier rouge, et d’ouvrir un « centre érotique » ailleurs ; mais aussi de réduire drastiquement le nombre de coffee shops.
Comme d’habitude, la volonté d’expédier les personnes prostituées dans la zone est assortie d’un discours ripoliné. Il va s’agir d’améliorer leurs droits, de réduire la traite des êtres humains, d’éliminer la criminalité et d’atténuer les nuisances pour les résidents et les entreprises. Si l’on comprend bien, la prostitution serait donc restée inséparable de la traite et de la criminalité, et engendrerait toutes sortes de méfaits. Une loi de « légalisation » désormais vieille de plus de vingt ans, présentée à l’époque comme un modèle de liberté et de progressisme, était pourtant censée en venir à bout.
Pour l’instant, il semble que le débat le plus vif tourne autour de la réduction des coffee shops. Leur raréfaction, ainsi que celle des touristes étrangers, va-t-elle ou non induire une montée des dealers de rues ? Quant à la création d’un « centre érotique », elle est partie pour faire couler de l’encre. Selon la formule bien connue « not in my backyard » (« pas dans ma cour »), personne ne va en vouloir dans son quartier.
Voilà donc le bilan de la fameuse « tolérance » néerlandaise. Tour de vis et ghettoïsation. C’était bien la peine. On va ôter de la vue du bourgeois de centre ville les désagréments liés à la vente du sexe et de la came. Mais rien ne va changer sur le fond. Même exploitation des femmes dans la prostitution, même traite, mêmes proxénètes, même enfermement, même absence d’avenir. Mais loin des regards, donc en toute indifférence et bonne conscience. Pourtant, cette suite de mesures de restriction du milieu prostitutionnel, constante depuis une décennie à Amsterdam, montre que quelque chose gêne de plus en plus aux entournures. Mais la réflexion s’arrête toujours avant terme. Allez, les Pays Bas, encore un effort pour être abolitionnistes !