Berlin : Une « appli » pour faciliter la prostitution

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A Berlin, un nouveau service Internet a fait le buzz durant l’été 2015. L’application Ohlala, destinée à être utilisée sur smartphone et tablette, propose de mettre en relation, grâce à la géolocalisation, une personne prostituée avec son client.

Payez pour votre rendez-vous. Fiable. Décontracté. Fun, promet l’annonce du site. Le client (il va de soi que c’est un homme) indique le profil de la personne recherchée, le budget et le temps dont il dispose, enfin l’endroit qui l’arrange. Il peut ainsi « commander », non une pizza, mais une femme qui se trouve à proximité.

On apprend que l’idée est celle d’une certaine Pia Poppenreiter, diplômée, selon Le Parisien, en gestion d’entreprise et en éthique (?) des affaires. Après un précédent échec avec son application Peppr, qui mettait en contact escort-girls et clients, mais qui avait entraîné trop de polémiques, elle espère cette fois susciter des vocations en permettant à n’importe quelle femme, au delà des prostituées déjà installées, d’arrondir ses fins de mois en monnayant des actes sexuels. Il s’agit, a-t-elle expliqué dans Les Inrocks, de leur laisser le choix de monnayer leurs charmes tout en éliminant les intermédiaires potentiels, les obligations d’agenda et tous les autres risques et contraintes avec lesquels une Escort doit composer.

Annonce

Comme on pouvait s’y attendre, les médias ont abondamment relayé la trouvaille ; un vrai sujet d’été, sulfureux et « moderne ». Les uns relèvent à juste titre que pareille application ne pourrait en France que tomber sous le coup de la loi sur le proxénétisme. Les autres (Le Point, l’Express, etc.) y vont de leur jugement sur la pudibonderie ou le puritanisme qui pourrait pousser des opérateurs comme Apple à refuser la commercialisation de telles applications. Ainsi, dans la France de 2015, il ne fait plus de doute que songer à limiter un minimum la prostitution généralisée est une idée condamnée d’avance.

Fin de l’analyse. L’heure est à la libéralisation sans limites du commerce de la chair féminine, revêtue des couleurs de la culture « cool ». L’appli dernier cri fascine, et tant pis pour l’océan de ringardise qu’elle charrie : faciliter aux femmes la possibilité de se faire payer pour du sexe. Tant pis pour les ados paumées qui vont trouver là un moyen « facile » de se faire de l’argent. Tant pis pour leur avenir qui en sera probablement compromis. Qu’importent ces détails. L’essentiel est de faire choc. Seule la provocation est reine. Madame Poppenreiter s’en félicite, elle qui profite de cette fabuleuse publicité pour garnir son compte en banque et dorer son image pseudo iconoclaste en s’offrant un magistral coup de pub.

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Claudine Legardinier
Journaliste indépendante, ancienne membre de l’Observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes, elle recueille depuis des années des témoignages de personnes prostituées. Elle a publié plusieurs livres, notamment Prostitution, une guerre contre les femmes (Syllepse, 2015) et en collaboration avec le sociologue Saïd Bouamama, Les clients de la prostitution, l’enquête (Presses de la Renaissance, 2006). Autrice de nombreux articles, elle a collaboré au Dictionnaire Critique du Féminisme et au Livre noir de la condition des femmes.