Les canadien.ne.s (tout comme les Français·es), soutiennent la loi sur la prostitution mise en place en 2014 sur le modèle nordique (et désormais français). Un sondage réalisé par téléphone et en ligne auprès de 1094 canadien.ne.s de 18 ans et plus, entre le 26 et le 30 juillet 2020, montre que ces personnes sont cinq fois plus nombreuses à la défendre qu’à s’y opposer, contrairement à ce que voudraient faire croire quelques bruyants opposants.
Une loi qui affirme que la prostitution est une violence faite aux femmes et un obstacle à l’égalité ; qui en finit avec la criminalisation des personnes prostituées mais aussi avec l’impunité des « clients », tenus pour acteurs responsables au même titre que les tenanciers… La décision avait fait du bruit. Comme en France, un lobby très actif sur le terrain médiatique avait tout fait pour discréditer cette loi progressiste.
En 2018, un précédent sondage avait déjà montré que 58 % des personnes interrogées s’opposaient à une modification de la loi qui aurait eu pour effet de dépénaliser les proxénètes, les tenanciers et l’achat d’actes sexuels.
En 2020, alors que le Canada exprime son intention, cinq ans après son adoption, de procéder à l’évaluation de ses effets, le sondage national mené par Nanos Research pour le London Abused Women’s Centre (LAWC), la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES, membre de CAP international) et la Coalition against Trafficking in Women (CATW), avec l’appui d’organismes canadiens, vient à son tour fournir un socle de poids à la réflexion qui s’engage.
En voici les principaux enseignements :
• 49 % des personnes sondées soutiennent la loi actuelle, soit 5 fois plus que les 11 % qui s’y opposent.
• 46 % soutiennent cette loi comme moyen de s’attaquer au problème de la prostitution, soit 2 fois plus que les personnes qui préfèreraient une profession légale et 3 fois plus que celles qui opteraient pour une interdiction.
• 51 % désapprouvent qu’un membre de leur famille paie pour des « services sexuels ».
• 61 % estiment que le gouvernement devrait financer convenablement les organismes qui travaillent avec des femmes dans la prostitution pour leur fournir conseils et soutien, soit 9 fois plus que ceux qui s’y opposent.
• 43 %, soit plus de 4 fois plus que les personnes d’avis contraire, conviennent que, si les femmes concernées avaient d’autres possibilités économiques viables, elles ne seraient pas dans la prostitution.
En France, en janvier 2019, un sondage réalisé par IPSOS montrait que 75% des Français·es soutenaient la loi abolitionniste