Mission parlementaire d’information sur la prostitution : premiers échos encourageants!

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Dans une tribune publiée dans Le Monde du 11 avril 2011, les députéEs Guy Geoffroy et Danielle Bousquet exposent clairement leur conviction : la prostitution n’est pas une fatalité, comme on le prétend pour couper court à tout débat. Les deux parlementaires, respectivement présidente et rapporteur de la mission d’information sur la prostitution, dévoileront leurs travaux mercredi 13 avril.

Réglant leur compte aux clichés les plus archaïques – non, la prostitution n’évite pas les viols, pas plus qu’elle ne soulage la « misère sexuelle »! – Bousquet et Geoffroy pointent l’injustice fondamentale : les « clients » bénéficient de la complaisance générale, tandis que les personnes prostituées, victimes de violences insoutenables, sont stigmatisées, dénigrées et quotidiennement injuriées, rabaissées au rang d’êtres inférieurs ; leurs droits les plus fondamentaux sont déniés.

Les deux député•e•s demandent qu’un interdit soit posé, non pas pour faire disparaître du jour au lendemain la prostitution, mais contribuer à une prise de conscience de ce que signifie le système prostitutionnel, ce qui se joue lorsqu’un « client » accède au corps et à la sexualité d’une femme par le paiement, comme s’il s’agissait d’une simple marchandise.

Annonce

Doit-on accepter que les hommes puissent avoir à tout moment des femmes à disposition ? Comment ne pas comprendre qu’accepter cet état de fait, c’est empêcher toute égalité réelle entre les sexes ? interrogent les député•e•s.

La mission d’information sur la prostitution de l’Assemblée nationale rendra son rapport mercredi 13 avril 2011. Selon l’agence Reuters, le document dense de 400 pages défendrait trente propositions, parmi lesquelles : la pénalisation des « clients » prostitueurs, le recours à la prostitution devenant un délit passible d’une amende et d’une peine de prison ; la réalisation de campagnes de prévention et de sensibilisation ; des mesures visant à faciliter l’accès au droit pour les personnes en situation de prostitution, et notamment l’accès à un titre de séjour pour celles victimes de la traite.

En ce qui concerne le délit de « racolage passif », indique Reuters, les auteurs du rapport estiment [qu’il] est destiné « à une lente extinction » du fait notamment de « la réticence constatée des magistrats à prononcer des condamnations sur ce fondement ». La mission d’information réclame un examen de la pertinence du maintien de ce délit, qu’il faudra évaluer à la lumière de la pénalisation des prostitueurs.