Une jeune française, originaire de Tourcoing, qui s’était constituée partie civile dans un procès l’opposant à Véronique P., tenancière d’un bar à hôtesses belge, vient de faire les frais du laxisme belge en matière de proxénétisme.
À 16 ans, cette jeune fille, présentée par son petit ami et en possession de faux papiers slovènes la déclarant majeure, avait été prostituée, munie d’un contrat de travail lui permettant de se livrer à la débauche
– selon les termes du Code Pénal belge – dans l’établissement de Véronique P.
De faux papiers, une imparfaite maîtrise de la langue française, une extrême jeunesse… Rien n’avait suffi à semer le moindre doute chez la tenancière, elle-même française délocalisée en Belgique.
Même si l’affaire est arrivée entre les mains du procureur de Lille, le tribunal a simplement requis six mois à un an avec sursis en vertu de la politique de tolérance belge. Ce qui, selon la loi française, vaudrait de la prison ferme, est donc revu à la baisse au grand dam de Maître Vincent Troin, l’avocat de la jeune fille, pour qui il s’agit bel et bien d’une affaire de proxénétisme sur mineure.
Au final, la tenancière, qui a plaidé tout bonnement le fait qu’elle ignorait l’âge réel de la jeune fille, ne peut que se féliciter d’avoir passé la frontière. Elle a en effet écopé en tout et pour tout de huit mois de sursis et 3000 euros d’amende.
Une prime aux proxénètes
Un nouvel exemple de la prime aux proxénètes et de l’abandon des victimes qui prévaut dans les pays, même abolitionnistes en théorie (c’est le cas de la Belgique), mais suffisamment réglementaristes en pratique pour légitimer le commerce de la prostitution et professer la fameuse « tolérance ». Si l’on n’est pas surpris par la position belge, on peut en revanche s’étonner du fait qu’un tribunal français s’aligne sans sourciller sur une conception aussi légère du proxénétisme…
Source : Nord Eclair, 30 mai 2012