Des peines jamais vues pour du « proxénétisme immobilier » : Laurent Dupont, 48 ans, et Hubert Bischoff, 74 ans, encourent un à quatre ans d’emprisonnement, la confiscation de biens immobiliers et de fortes amendes. Leur procès s’est ouvert le 1er avril 2019 devant le tribunal de Rennes.
De quoi a besoin un réseau proxénète pour faire fructifier son activité et mettre toujours plus de femmes à disposition de « clients »? De logements pour permettre la réalisation des passes. À Poitiers, la chose a été grandement facilitée par les deux accusés qui ont loué de nombreux appartements aux trafiquants, aidant ainsi, selon le Parquet, au fort développement de la prostitution dans cette ville.
Une analyse partagée par le Mouvement du Nid, qui s’est en conséquence porté partie civile dans ce procès, dans l’objectif de servir les intérêts des victimes et mettre en évidence le rôle déterminant joué par les « logeurs ».
Laurent Dupont et Hubert Bischoff, qui comparaissent entre autres pour des faits de proxénétisme aggravé, sont accusés d’avoir loué entre juin 2013 et mars 2017 leurs appartements poitevins à une quarantaine de prostituées nigérianes, en connaissant parfaitement leur situation.
Le procès jugé aujourd’hui à Rennes fait suite au démantèlement d’un réseau nigérian considérable[[France 3 région, 18 juin 2018, « Procès d’un réseau proxénète : à la barre, des membres présumés de la mafia nigériane à Poitiers ».]], qui avait entraîné la comparution de 19 personnes en juin 2018. Parmi elles, un premier logeur avait été condamné à 3 ans de prison et à 33 000 euros d’amende. Laurent Dupont et Hubert Bischoff n’étaient pas présents lors de l’audience de juin 2018 : le premier avait demandé une procédure simplifiée de plaider coupable, le second avait dénoncé des vices de procédures.
La justice n’a pas souhaité offrir à Laurent Dupont une procédure simplifiée, en considérant la férocité dont celui-ci a fait preuve vis-à -vis des victimes du réseau. Des victimes ont ainsi témoigné que Laurent Dupont coupait l’eau et l’électricité si elles refusaient d’avoir des actes sexuels avec lui, des propositions qu’il a faites à plusieurs reprises aux femmes qui ne parvenaient pas à payer leurs loyers.
Hubert Bishoff, qui possède pas moins de six immeubles à Poitiers soit une cinquantaine de logements, nie les faits qui lui sont reprochés et affirme qu’il ignorait que ces femmes étaient prostituées dans ses appartements. Le Parquet a pourtant produit de nombreuses plaintes de voisins dénonçant des actes sexuels à toute heure du jour et de la nuit et y compris dans les parties communes. Les victimes ont témoigné de la brutalité avec laquelle Hubert Bishoff réclamait les loyers impayés, menaçant de faire intervenir sa fille avocate
pour les faire expulser
.
Le Mouvement du Nid et l’ensemble des acteurs impliqués dans le domaine de la lutte contre les violences faites aux femmes sont donc particulièrement attentifs à ce procès qui pourrait porter un coup important au fléau du proxénétisme immobilier.
Suivez notre compte Twitter pour connaître les suites du procès. À venir, une analyse des enjeux du procès par notre avocate, Lorraine Questiaux.
Dans la presse
Centre Presse, 2 avril 2019
Prostitution nigériane: deux logeurs devant les juges
La Nouvelle République, 2 avril 2019
Poitiers : deux logeurs de prostituées jugés à Rennes
France 3 Région
– 31 mars 2019
Prostitution : un septuagénaire poitevin accusé de proxénétisme aggravé devant le tribunal de Rennes
– 18 février 2019
Poitiers : deux logeurs de prostituées comparaîtront devant le tribunal de Rennes en avril
– 6 juin 2018
Poitiers : nettoyage de printemps chez les logeurs de prostituées