Prostituée à seize ans ? C’est chose courante en Suisse, avec la bénédiction des autorités. On aurait pu penser qu’une telle aberration au cœur de l’Europe, dans un pays montré en exemple pour ses salons
prétendument propres, ne pourrait durer plus longtemps. Erreur : le Grand Conseil du canton de Vaud a renoncé le 12 février 2013 à une législation provisoire voulue par la gauche qui prévoyait de condamner les « clients » des prostituéEs mineurEs à une amende importante.
Près de cinq ans de discussions pour en arriver là ! Le projet a été rejeté par 75 voix contre, contre 58 et 9 abstentions. Raison invoquée, cette disposition ne serait pas compatible avec le droit fédéral. D’après le Code pénal suisse, en effet, toute personne de plus de 16 ans (âge de la majorité sexuelle), résidente dans le pays, peut exercer la prostitution, du moment que son activité est librement consentie
!
Ainsi, la presse et certaines autorités ont beau alerter sur le développement effrayant de la prostitution mineure, il est urgent de ne rien faire. La majorité des cantons ne voient apparemment pas d’inconvénient à ce que des adolescentes hongroises notamment, mais aussi de très jeunes suisses, soient livrées à des «consommateurs» décomplexés, venus de toute l’Europe pour faire leur marché sexuel.
Au plan fédéral, toujours rien. Un projet de révision du Code Pénal est en cours afin de mettre le pays en accord avec la signature – tardive, en juin 2010 – de la Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels, qui interdit la prostitution des mineurEs de moins de 18 ans et leur exploitation dans la pornographie. Il est prévu une peine maximale de trois ans de prison. Mais les procédures sont interminables. C’est sans doute la raison pour laquelle le canton de Genève a, lui, tranché dans le vif en 2010 en prenant la décision unilatérale d’interdire le recours à la prostitution de mineurEs.
On voit que la Suisse, si hâtivement portée aux nues dans beaucoup de nos médias, se complaît en réalité dans une législation honteuse. Entre les adolescentEs les plus précaires, et les proxénètes et clients prostitueurs, le pays a choisi son camp.