Trois policiers accusés de viol aggravé… acquittés !

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Trois policiers accusés de viol aggravé sur une jeune femme prostituée, en 2010, à Nice, ont été acquittés le 15 décembre 2011 devant la Cour d’Assises des Alpes Maritimes. Une nouvelle fois, le message est passé : violer une prostituée n’est pas violer. Une prostituée est une prostituée ; pas une femme.

Alors que le ministère public avait requis un minimum de dix ans de prison pour le chef de patrouille et de huit ans pour deux de ses collègues, la Cour d’assises a préféré s’en laver les mains. Un quatrième policier, mis en cause pour ne pas avoir empêché les faits, a également été acquitté. Ainsi, quatre policiers qui ont floué tous les principes attachés à leur fonction, se voient blanchis alors que leur victime quitte la salle d’audience en larmes. Une femme prostituée n’est décidément pas une femme pour les représentants de la loi niçois.

Les faits s’étaient déroulés en février 2010 près de la Promenade des Anglais, lieu de prostitution bien connu. Un équipage de police avait embarqué la jeune femme, alors âgée de 26 ans, et avait « obtenu » d’elle des actes sexuels en chaîne. Pour expliquer les faits, les policiers ont avancé l’argument que la jeune femme les avait « chauffés » et qu’ils n’avaient fait que s’abandonner à une « faiblesse humaine ».

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Les débats ont bien entendu tourné autour de l’existence ou non de la contrainte. De fait, la jeune femme s’est exécutée. Seule dans un fourgon avec quatre hommes détenteurs de la loi, on se demande comment elle aurait pu faire autrement. Une fois encore, la présence ou non d’un pseudo consentement n’a ici aucun sens, puisque céder face à la menace ou au chantage n’est pas consentir.

Une fois encore, la question est prise par le mauvais bout, celui du « consentement » de la victime. Alors qu’elle ne devrait porter que sur la responsabilité du représentant de la loi : tout policier n’a-t-il pas, avant tout, et en toute circonstance, à obéir à une déontologie élémentaire ? Dans l’exercice de sa fonction, un acte sexuel avec une personne interpellée ne peut relever que du viol. Et que cette personne soit ou non une prostituée ne change rien à l’affaire. Il serait temps, pour le moins, de clarifier pareille évidence et que la loi soit appliquée comme elle le devrait.

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Claudine Legardinier
Journaliste indépendante, ancienne membre de l’Observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes, elle recueille depuis des années des témoignages de personnes prostituées. Elle a publié plusieurs livres, notamment Prostitution, une guerre contre les femmes (Syllepse, 2015) et en collaboration avec le sociologue Saïd Bouamama, Les clients de la prostitution, l’enquête (Presses de la Renaissance, 2006). Autrice de nombreux articles, elle a collaboré au Dictionnaire Critique du Féminisme et au Livre noir de la condition des femmes.