Washington D.C abdiquera-t-elle face à  l’industrie du sexe ?

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Un débat public sur une possible légalisation du proxénétisme et de la prostitution a donné lieu le 17 octobre 2019 à  des échanges très vifs au conseil municipal de Washington. Si cette proposition passait, la capitale fédérale deviendrait un modèle que pourraient brandir les défenseurs de l’industrie du sexe.

Une proposition de loi du conseiller municipal David Grosso fait du bruit dans la capitale américaine. Main dans la main avec le SWAC, « Sex Worker Advocates Coalition », et notamment Ms Spellman, femme transgenre de la communauté LGBT, il exige la décriminalisation du « travail du sexe » dans le district de Columbia. Objectif, autoriser la prostitution mais aussi le proxénétisme, les bordels et leur corollaire, le droit des clients prostitueurs à  « consommer » : toutes choses interdites par l’actuelle loi prohibitionniste américaine, à  l’exception de quelques localités du Nevada, dont Las Vegas ne fait pas partie. Ainsi, selon le New York Times, la police de Washington a procédé à  216 arrestations liées à  des faits de prostitution en 2017 (personnes prostituées et proxénètes). Le chiffre est monté à  519 en 2018 et même à  800 pour les dix premiers mois de 2019.

Bien entendu, le discours pro légalisation met en avant « les transactions sexuelles entre adultes consentants ». Sont invoqués les droits humains, la santé et la sécurité des personnes : tout ce que la situation de prostitution bafoue quotidiennement.

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« Cette proposition est un rêve de trafiquant ! », a déclaré Yasmin Vafa, directrice de Rights4Girls, une organisation qui lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. Elle a ajouté que les jeunes femmes qui lui en ont parlé avaient été directement informées par leurs proxénètes, « excited about it ». D’autres organisations ont rappelé à  quel point cette industrie est « incroyablement violente et pleine de risques ».

« Allez-vous dire à  vos filles qu’être travailleuse sexuelle est un choix de carrière ? », a lancé l’avocate démocrate LaRuby May aux élus. Parmi les opposants les plus virulents à  cette proposition de loi, citons la maire elle-même, Muriel Bowser, qui dirige le district de Columbia depuis 2015. Pour elle, une telle mesure rendrait plus difficile la poursuite des trafiquants et ne rendrait pas le commerce du sexe plus sùr pour celles qui s’y trouvent.

Si la criminalisation actuelle, qui pèse particulièrement sur les personnes prostituées, ne fait en effet qu’aggraver leur situation et les enfermer dans un cycle de pauvreté et de violences, le remède proposé est pire que le mal : donner carte blanche aux proxénètes pour développer l’exploitation sexuelle de personnes qui sont parmi les plus vulnérables, majoritairement issues des populations noires et des minorités ethniques.

Suggérons aux édiles de D.C, de regarder plutôt du côté du « modèle nordique et français » : les personnes prostituées n’y sont plus criminalisées. Mais, à  l’heure de metoo, les proxénètes et les clients prostitueurs ne sont plus autorisés à  « se lâcher » sur le corps et la personne d’autrui, en particulier des femmes.

Affaire à  suivre donc. D’autres tentatives semblables ont semble-t-il été lancées ces dernières années à  travers les Etats-Unis, sans grand succès pour le moment (Etat de New York, San Francisco, New Hampshire, Massachusetts, etc). Mais on s’en doute, le puissant lobby de l’industrie du sexe n’a pas dit son dernier mot.