Une exposition de photos de Jane Evelyn Atwood est actuellement consacrée aux femmes prostituées dans les années 70 à Paris. Rendez-vous à la maison de la photographie Robert Doisneau à Gentilly, en banlieue parisienne!
Jusqu’au 21 avril
Un client suit une femme dans une cage d’escalier, des hommes discutent dans la rue en attendant leur tour, des titres de films pornographiques s’affichent en grand comme« je suis à prendre » mais, surtout, beaucoup de portraits de femmes telles que Blondine, une maîtresse sado-maso qui se prostitue rue des Lombards, le quartier chaud de la capitale, ou d’Ingrid, une transsexuelle qui fréquente les rues de Pigalle. Et puis il y a aussi Barbara, Miranda, Nouja! qui sont photographiées dans les rues sombres, les bars glauques ou les chambres miteuses des hôtels de passe.
Ces clichés en noir et blanc de Jane Evelyn Atwood, pris durant les années 1970, sont exposés à la maison de la photographie Robert Doisneau à Gentilly (Val de Marne).
Guidée par la nécessité de « capter la dignité humaine », la photographe franco-américaine a passé ses nuits, pendant plusieurs années, auprès de ces personnes prostituées avec lesquelles elle a noué au fil du temps des liens d’amitié. Dressant un portrait très attachant de ces femmes, Jane Evelyn Atwood a su révéler, derrière les fards outranciers et les poses excessives, leur profonde tristesse et leur grande solitude.
Une galerie de portraits
La confiance a été suffisamment forte pour qu’Ingrid accepte un jour de poser nue devant la photographe ; elle s’est dévoilée ainsi, dotée des seins d’une femme et d’un sexe d’homme.« On ne pouvait pas croire quand on la voyait que c’était une seule et même personne », commente la photographe. C’était environ deux semaines avant qu’elle ne se donne la mort. « Cette image dit le « pourquoi » d’Ingrid », conclut-elle.
Cette exposition n’est donc pas qu’un reportage sur le monde de la nuit à Paris, mais une galerie de portraits de femmes marquées par la violence, la drogue, le sida! Une exposition que l’on parcourt dans un silence quasi religieux tant l’on demeure hypnotisé par la forte présence de ces personnes qui ont eu le courage de s’exposer ainsi devant l’appareil de la photographe.
Femmes dans la prostitution, hommes engagés dans la légion étrangère, femmes incarcérées, victimes des mines antipersonnel dans les pays en guerre! Jane Evelyn Atwood s’est toujours mise, depuis le début de sa carrière, au service des marginaux marqués par la violence et condamnés à l’invisibilité sociale.
Exposition présentée jusqu’au 21 avril 2019 à la Maison de la Photographie Robert Doisneau, 1, rue de la Division du Général Leclerc, 94250 Gentilly.
A lire : Rue des Lombards, éditions Xavier Barral, 2011
Pigalle People, 1978-1979, éditions Le Bec en l’air, 2018