Jeunes filles sous influence. Prostitution juvénile et gangs de rue

1930

L’exploitation de la dépendance affective est au centre de la stratégie proxénète des gangs. Un processus d’exploitation décliné en plusieurs étapes, si bien connues qu’avec l’auteur on ne peut s’empêcher de s’étonner qu’il fasse encore des victimes.

À partir d’entretiens réalisés auprès de travailleurs et organismes sociaux de Montréal, l’auteur décrit quelques portraits d’adolescentes, parfois très jeunes, attirées le plus souvent par les strass apparents de la vie des gangs.

Annonce

La fascination qu’ils exercent sur certaines est, bien sùr, d’autant plus forte qu’elles trouvent leur vie terne et sans intérêt ; c’est sans doute pourquoi les abords des foyers de placement sont un des terrains de chasse favoris de ces gangs.

La manœuvre employée est des plus classiques : une première phase d’étourdissement, où les cadeaux succèdent aux compliments, suivie d’une mise en condition sexuelle des adolescentes.

L’objectif est de les conditionner à se soumettre au désir des hommes, de faire en sorte qu’elles trouvent cela normal : l’acte sexuel est présenté comme un service à rendre.

Il ne s’agit pas encore d’échange d’argent mais de partenaires : il faut consoler tel ou tel copain du gang.

Le viol collectif sera parfois l’aboutissement de ce processus, présenté comme un rituel d’initiation par les membres du gang, filles comme garçons.

Cette prostitution juvénile présente des conséquences très semblables à celles des adultes : la difficulté à reconnaître que l’on a été prostituée, la dissociation corps / émotions / sexualité, ainsi que la méfiance à l’égard des hommes.

Le client décrit par les jeunes filles est un vieux cochon, une vieille peau, un obsédé. Eux, se décrivent comme des bons gars mais recherchent des petites salopes.

De plus, ces filles qui ont voulu appartenir à un gang en espérant y trouver le sel qui manquait à leur vie, ont du mal à attribuer la responsabilité de ce qu’elles ont vécu aux clients et aux proxénètes au point qu’elles se sentiront coupables – parfois – de les dénoncer.

L’auteur présente également quelques principes devant guider l’action de l’intervenant social.

Le comportement prostitutionnel, considéré comme un comportement stratégique orienté vers des résultats concrets, devra être remplacé par une autre stratégie répondant aux mêmes besoins: amour, reconnaissance, argent, recherche de stimulation, d’autonomie, mais par d’autres moyens.