Des fonds sida pour la promotion du proxénétisme

1341

Le 28 septembre dernier, l’organisme montréalais Stella, collectif pro-prostitution, est devenu le lauréat canadien de l’édition 2006 du Prix international de l’Action contre le VIH/sida et pour les droits humains, décerné par le Réseau juridique canadien et Human rights watch.

En lui remettant ce Prix, nous voulons reconnaître plus d’une décennie de travail courageux à défendre les droits humains des travailleuses sexuelles et à plaider contre la criminalisation de la vie et du gagne-pain de ces personnes, explique Joanne Csete, directrice générale du Réseau juridique canadien VIH/sida.

Au Canada, Stella, à la pointe du lobbying pour la légalisation du travail sexuel, a notamment organisé le Forum XXX, un rassemblement international de quelque 250 travailleuses et travailleurs sexuels largement financé par l’Agence de santé publique du Canada[270 000$ au groupe Stella pour une rencontre de 4 jours sur le « travail du sexe », par Micheline Carrier (juin 2005). À lire sur le [site Sisyphe.]], et a occupé une place importante en 2006 dans la préparation d’activités relatives au thème du travail sexuel, lors du 16e Congrès international sur le sida à Toronto.

Annonce

Sans nier le travail de proximité effectué au quotidien par des organismes comme Stella, il est temps de poser la question des non-dits, voire des manipulations, qui entourent leur véritable objectif : promouvoir l’industrie du sexe en usant abondamment des fonds destinés à la lutte contre le sida.

En France et partout dans le monde, des collectifs adoptent la même politique de santé communautaire uniquement centrée sur les préoccupations sanitaires. Il n’est pas interdit d’être client. Mais il est dangereux de ne pas se protéger. Se protéger, c’est aussi protéger sa famille, proclame ainsi l’association lyonnaise Cabiria. Si tout doit évidemment être fait pour encourager le recours aux préservatifs, un minimum vital dont les personnes prostituées sont en général les plus sùres garantes, on peut s’interroger sur la normalisation de la prostitution induite par cette démarche.

Présentées comme les éducatrices des hommes, les personnes prostituées portent la charge et la responsabilité de convaincre les clients qui, selon toute apparence, ne sont pas assez grands pour connaître d’eux-mêmes la dangerosité des rapports non protégés et sont prêts à adopter des comportements criminels.

Les clients sont-ils si mal informés ou leur négligence a-t-elle d’autres raisons ?

Ne viennent-ils pas précisément chercher dans le rapport prostitutionnel le pouvoir de se libérer des contraintes sociales et morales en vigueur ? Faut-il continuer à l’ignorer ? Faut-il oublier que certaines personnes prostituées, dans le rapport de force qu’est la prostitution, ont une faible marge de négociation face à des clients qui proposent des tarifs plus élevés pour des passes sans préservatif ?

Limiter l’éducation des clients à la seule question du préservatif aboutit à leur garantir une respectabilité de consommateurs avertis et donc à les empêcher de réfléchir à leur responsabilité dans le développement d’une industrie porteuse de tragédies, que ce soit la maladie, l’exploitation sexuelle ou la violence.

Pendant ce temps, on se garde bien de proposer aux personnes prostituées des alternatives leur permettant de sortir de la prostitution, seul moyen de leur éviter des risques considérables. Depuis les années 1990, les campagnes de prévention du sida ont largement contribué à donner partout dans le monde une pleine légitimité à la prostitution et à ses clients. Rappelons que c’est au nom du VIH que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est engagée en 2001 en faveur de la légalisation de la prostitution. Les lobbys pro-prostitution ont parfaitement compris à quel point la prévention du sida était une entrée idéale pour obtenir des financements et faire passer leurs idées.