C’était une page qu’on ne voyait plus, à laquelle on ne faisait plus attention.
Sorti de sa myopie sélective, Laurent Joffrin, directeur du Nouvel Observateur
– et ancien PDG de Libération
-, a décidé de supprimer les petites annonces dites « roses » des pages de son hebdomadaire.
Depuis des décennies, « massages californiens », « détente naturiste » et « jeunes filles exotiques » avaient une place de choix dans ce magazine de gauche et nul ne semblait s’en émouvoir. Jusqu’à ce que le 16 novembre 2011, Yann Barthès, du Petit Journal, brandisse au nez de Joffrin, en tournée de promo sur le plateau de Canal Plus, cet aspect peu reluisant d’un journal dont une rubrique bidon intitulée « bien-être », recouvrait des annonces de prostitution.
Interpellé sur le fait que cette page « rose » côtoyait en toute incohérence un article sur le goùt des footballeurs pour les jeunes prostituées, Laurent Joffrin n’a pas pu cacher sa gêne. On appréciera d’autant plus qu’il n’ait pas tardé à faire amende honorable en regardant la fameuse page en face et en décidant sa suppression pure et simple. Un beau geste quand on sait que ladite page rapportait entre 150 000 et 200 000 euros par an (montant avoué, dont on peut penser qu’il n’est pas arrondi, loin de là, au chiffre supérieur).
Après avoir félicité Joffrin, invitons d’autres médias, à commencer par certains quotidiens régionaux, à en prendre de la graine et à cesser de se comporter en proxénètes. Mais comment renoncer à pareille manne, surtout en temps de crise ? Le corps des femmes, décidément, rapporte gros. Et pas seulement aux proxos…