De Noémie dit oui de la réalisatrice québécoise Geneviève Albert, on ne peut vous dire que du bien. Et de courir le voir dans votre cinéma préféré soit en avant-première soit à sa sortie nationale le 26 avril !
(retrouvez toutes les dates d’avant-premières ci-dessous)
Noémie, 15 ans, vit dans un centre de jeunesse (foyer) pour mineures à Montréal depuis trois ans. Lorsque le film commence, la justice doit décider si elle peut retourner chez sa mère, qui semble accepter son retour. Mais celle-ci a un nouveau compagnon et ne souhaite pas s’embarrasser de sa fille : lors de l’audience elle fait volte-face et la refuse. Noémie se sent rejetée, étouffe, explose, finit par s’enfuir. Lors de sa fugue chez Léa, une amie qui a 17 ans, elle rencontre une bande de jeunes dont le petit ami de Léa… qui est son conjoint proxénète.
L’héroïne y rencontre un jeune adulte, Zach, qui a toutes les apparences du « gentil garçon ». Il la traite bien, lui apporte l’affection et l’attention dont elle manque tant, joue à l’amoureux. Avant de lui proposer qu’ils puissent gagner beaucoup d’argent et partir tous les deux.
Pour lui, il s’agit bien sûr de jouer le proxénète, pendant les trois jours que dure le grand prix de Formule 1 de Montréal. Pour elle, de subir des «clients» non stop. En effet, dans la rue qui avoisine le circuit, pendant trois jours, les hommes spectateurs se rendent dans les hôtels et paient pour du sexe, occasionnant un marché « tout bénéfice » pour les trafiquants.
Malgré son désarroi, Noémie dit non. Mais plusieurs événements se produisent pour la « briser », qui vont l’amener à dire oui.
Après avoir dit non, Noémie dit oui…
Commence alors la deuxième moitié du film, qui nous montre la réalité d’un système de violences dévastateur. Noémie doit subir les viols de l’entourage, et des «clients», dans un décompte terrible, jusqu’à la fin du grand prix. Ce qui se passe après, classique de la stratégie proxénète, on préfère vous laisser le découvrir dans le film… en vous disant simplement à quel point la description correspond aux témoignages de la réalité livrés par les survivantes.
A lire également, notre interview de Geneviève Albert : « J’ai voulu plonger le spectateur dans une expérience viscérale de la prostitution »
Le film est formidablement joué, notamment Noémie par l’actrice Kelly Depeault. Avec une grande justesse, elle nous fait partager toutes les émotions de son personnage. Des émotions qui là encore, cadrent parfaitement avec ce que le Mouvement du Nid constate, auprès des victimes, sur le terrain.
Le film sonne juste. Car non seulement il décrit le processus de cumul de vulnérabilités et la carence affective qui amène Noémie à dire oui, mais il ne fait pas l’impasse sur le « client ». Au contraire, la réalisatrice a choisi de montrer leur défilé, l’un suivant l’autre. Le portrait correspond là encore à la diversité des prostitueurs telle que nous la connaissons (voir notre dossier « clients-prostitueurs, fin de règne » ?). Le décompte quant à lui, nous permet de comprendre ce que vit Noémie, de son point de vue, dans un regard féministe.
Bien joué, bien filmé… et sans impasse
Le film est enfin filmé d’une manière particulièrement intéressante. On a tant vu d’images soit trash, soit esthétisantes, soit complaisantes avec les prostitueurs au cinéma ! Tant d’images érotisant la violence nous avaient fait croire qu’il était impossible de la représenter sans la reproduire.
Mais ici, Geneviève Albert, la réalisatrice parvient, par des choix très clairs et volontaires de réalisation (voir notre interview de la réalisatrice), à éviter le piège. Les scènes où les «clients» défilent sont très dures, mais jamais le «client» n’est montré comme de son propre point de vue, jamais le spectateur ne peut ressentir de l’excitation en regardant la scène.
C’est le point de vue de Noémie qui nous est proposé. Geneviève Albert a eu l’idée judicieuse de montrer aussi les moments de vide entre les viols tarifés qu’elle subit. Assise par terre seule dans la chambre d’hôtel devant les rideaux, affalée sur le lit… Ces images sont d’une grande force. Dans ce parcours très dur de Noémie, la fin du film reste ouverte, mais pas sans espoir.
Noémie dit oui est le film de fiction qu’on n’attendait plus. On espère qu’il aura d’aussi bons échos en France qu’au Québec. Il a déjà obtenu le prix du festival d’Angoulême et a été sélec- tionné au festival de films de femmes de Créteil. Nous vous invitons à parti- ciper aux avant-premières du mois d’avril près de chez vous, ainsi qu’à notre « lundi de Prostitution et Société », le 3 avril 2023, sur Zoom.
Regardez le replay de notre « lundi de prostitution et Société » ci-dessous
Les avant-premières prévues (en gras, en présence du Mouvement du Nid)
– 25, 26 mars : Dieppe – Grand Forum
– 27 mars : Lille – UGC Métropole, 19h30
– 28 mars : Créteil – Festival Films de femmes 20h30
– 31mars : Compiègne – Majestic
-1er avril : Le Mans –
– 4 avril : Libourne – Grand Ecran
-5 avril : Poitiers – Le Dietrich
– 6 avril : Clermont-Ferrand – Le Rio
– 7 avril : Limoges – Grand Ecran Centre
– 8 avril : La Rochelle – CGR
– 9 avril : Tours – CGR
-10 avril : Paris UGC – Les Halles
-12 avril : Perpignan
-13 avril : Angoulême
-14 avril : Metz – le Klub / Nantes – Le Concorde
-20 avril : Saint-Brieuc
– 21 avril : Marseille – Variétés
– 22 et 23 avril : Festival de Florac
-26 avril : Montpellier
-Rouen : 10 mai
-Genevilliers : 11 mai
-Arcueil : 26 ou 31 mai -Espace Jean Vilar