Avec Une fille de…, Jo Witek livre un très beau récit sur les causes et les conséquences de la prostitution, à destination des adolescent·es.
Ce récit est celui d’Hanna, 16 ans, qui a compris très tôt, dès 4 ans, que sa mère « n’est pas comme les autres », parce qu’elle a des « clients ». Sa mère est prostituée, ukrainienne, victime de l’esclavage sexuel organisé, mais elle a toujours tout fait pour protéger sa fille, Hanna. Et l’a aimée sans faille, parce que c’est elle qui lui a « sauvé la vie » en venant à naître, qui lui a donné la force d’échapper à son réseau.
Hanna aime sa mère, souffre, et comprend que c’est la honte qu’on fait reposer sur les épaules à la fois de la mère et de la « fille de », qui est indigne, que ce sont les clients, la société, celles et ceux qui en rient qui devraient la ressentir.
Pour échapper à la violence qu’on lui fait subir, pour échapper à l’envie d’exploser, elle court, s’entraîne 4 fois par semaine dans un marathon pour la vie. Jusqu’au jour où elle rencontre Nolan, un garçon qui court, comme elle.
Un récit sensible et très joliment écrit, qui explique tout en finesse à travers le regard d’une jeune fille de 16 ans, à d’autres adolescent·es ce qu’est en réalité la prostitution : un parcours de violences infligées à des femmes parce qu’elles sont femmes, un retournement de culpabilité qu’on fait porter aux victimes et à leur entourage, plutôt qu’aux vrais coupables. Le livre contribue à faire ouvrir les yeux, et ce n’est sans doute pas un hasard, qu’en exergue figure la citation de Louise Michel : « On les abreuve de honte parce qu’on en a fait des prostituées, comme si la honte était pour les victimes et non pour les assassins ».