« Assistance sexuelle » : voie sans issue

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Le dossier du numéro 207 de Prostitution et Société est consacré au débat sur « l’assistance sexuelle ». Une voie qui est toujours sans issue, comme le disent de plus en plus de personnes concernées. 

Non, « l’assistance sexuelle » n’a pas cessé d’être une voie sans issue

Remettre toujours l’ouvrage sur le métier. On pensait que le débat était tranché depuis 2012, avec la question de « l’assistance sexuelle pour personnes handicapées », que nous préférons nommer pour ce qu’elle est : de la prostitution spécialisée. Mais en bons partisans de la stratégie de l’agresseur, les adversaires de la liberté sexuelle non marchande n’attendaient qu’une occasion de « rouvrir le débat ». C’est Sophie Cluzel, la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées qui leur a donné cette occasion, en affirmant qu’en 2021, la société aurait changé, et qu’il faudrait donc remettre la question sur le tapis.

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C’est vrai, des choses ont changé en dix ans. D’abord, la population vieillit, mais les moyens alloués à la santé affective et sexuelle des individu·es, quel que soit leur âge, quelle que soit leur supposée « validité » ou pas, n’augmentent malheureusement pas. Le champ des possibles reste confiné. Et les personnes qui souffrent d’une exclusion de la société, sont soit laissées à leur sort, soit jugées juste « aptes » à recevoir de « l’assistance sexuelle ».

Ensuite, et peut être surtout, ce qui a changé, c’est que les frontières du marché de l’exploitation reproductive (GPA) et sexuelle (prostitution) des femmes et des filles sont perpétuellement repoussées par les exploiteurs qui y voient source de profits. Nous le disions dans le précédent numéro à propos de la « GPA ».

Avec « l’assistance sexuelle », on sent clairement le besoin de trouver une solution « à peu de frais », au sens propre, à de vrais questionnements ; et, face à une interdiction d’achat d’acte sexuel aujourd’hui posée dans la loi, la nécessité, pour ses adversaires, de trouver des interstices dans lesquels se faufiler.Mais ne nous y trompons pas : ces interstices, qui exploitent à l’envi la « parole des concernées » (qui est trop souvent la parole de celles ou ceux qui les instrumentalisent), sont des « chevaux de Troie » pour l’extension du domaine de la prostitution, dont les libéraux rêvent depuis des décennies.

Il était donc essentiel de le redire dans notre revue, toujours soucieuse de mettre « les points sur les i ». Non, « l’assistance sexuelle » pour personnes handicapées, en réalité surtout pour hommes handicapés, n’est pas un progrès. C’est définitivement, comme le disent d’ailleurs de plus en plus de personnes en situation de handicap, un nouvel enfermement pour elles, et pour la société tout entière, une voie sans issue.

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Lire l’Actu rencontre avec Sandy Beauvais, du Planning familial, qui connaît la situation de terrain : « On adresse un leurre aux personnes handicapées »

 

 

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Claudine Legardinier
Journaliste indépendante, ancienne membre de l’Observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes, elle recueille depuis des années des témoignages de personnes prostituées. Elle a publié plusieurs livres, notamment Prostitution, une guerre contre les femmes (Syllepse, 2015) et en collaboration avec le sociologue Saïd Bouamama, Les clients de la prostitution, l’enquête (Presses de la Renaissance, 2006). Autrice de nombreux articles, elle a collaboré au Dictionnaire Critique du Féminisme et au Livre noir de la condition des femmes.