En cet automne 2015, les multiples interpellations et procès pour proxénétisme – à saluer – montrent autant les dimensions du phénomène que son omniprésence et la diversité de ses formes : des routes de campagne à Internet, des caïds étrangers aux petites frappes de banlieue, le proxénétisme est plus foisonnant que jamais.
Démantèlement de réseaux
– En septembre, le tribunal correctionnel de Rennes a prononcé des peines allant jusqu’à 10 ans de prison ferme à l’encontre de 12 Nigérians accusés d’avoir obligé, entre janvier
2013 et avril 2014, plusieurs femmes originaires du Nigeria à se prostituer à Caen, mais aussi en Italie, en Grèce ou en Espagne. Les peines les plus lourdes ont visé les mamas
, jugées instigatrices du recrutement et responsables des représailles contre une des jeunes prostituées ayant permis le démantèlement du réseau. Cette dernière, qui avait réussi à s’enfuir et à prévenir la police, avait eu les jambes brisées à coups de bâton. Elle n’a d’ailleurs donné aucun signe de vie depuis le printemps 2014, ce qui laisse deviner le sort que les proxénètes ont pu lui réserver.
– Des luttes de territoire opposant différents réseaux de proxénètes dans le sud de l’Eure ont amené la gendarmerie à découvrir un vaste réseau opérant de Conches-en-Ouche à Verneuil-sur-Avre, et dirigé depuis l’Eure-et-Loire. Début septembre, quatre hommes ont été placés sous contrôle judi- ciaire et le cinquième a été incarcéré.
– Début octobre, un vaste réseau de proxénétisme est démantelé et cinq de ses membres interpellés dans les Hauts-de-Seine, les Pyrénées-Orientales et en Espagne. Un couple, qui gérait le réseau depuis l’Espagne, faisait venir de l’étranger des femmes, entre autres des Colombiennes et des Brésiliennes. L’organisation aurait généré un chiffre d’affaires estimé à 1,3 million d’euros. Les prévenus ont été interpellés pour filière d’aide à l’immigration, proxénétisme en bande organisée et association de malfaiteurs
puis écroués.
– Début octobre, à Besançon, 5 proxénètes roumains en situation irrégulière sont jugés en comparution immédiate. Ils prostituaient des femmes à Besançon, Dôle et Tavaux dans le Jura. Quatre hommes sont condamnés à un an de prison ferme, le cinquième à 10 mois de prison ferme. Tous pour proxénétisme aggravé.
– Un fonctionnaire de police sera jugé en novembre pour avoir protégé une gérante de salons de massage
parisiens en échange d’argent liquide. Il aurait ainsi perçu près de 20 000 €. Il est poursuivi pour complicité de proxé- nétisme aggravé et de traite des êtres humains. Sept autres prévenus sont renvoyés devant la justice dans la même affaire, notamment une gérante dont les trois salons de massage accueillaient près de 500 clients par mois en moyenne, pour un chiffre d’affaires mensuel compris entre 80 000 et 90 000 €. Les jeunes femmes, des Thaïlandaises, étaient dépourvues de titre de séjour et exploitées six à sept jours sur sept.
Proxénétisme sur mineures
Mi-septembre, cinq jeunes hommes âgés de 16 à 19 ans, interpellés à Roubaix et Tourcoing, ont été placés en garde à vue par la Brigade des Mœurs et du Proxénétisme de la Sùreté Urbaine. La police, intriguée par l’arrivée massive de jeunes filles inconnues sur les trottoirs du vieux Lille, a mis à jour l’existence d’un réseau qui organisait leur surveillance et utilisait la violence pour obtenir la remise d’argent. Les sept victimes, dont six mineures, sont déscolarisées, sans repère et fuguent régulièrement des foyers qui les hébergent. Les jeunes proxénètes, vivant dans les cités, les prostituaient également via des sites Internet d’escortes
et de massage
.
Cette affaire n’est pas la première du genre. Un coup de filet avait déjà mis à jour, en mai 2015 à Lille, un vaste réseau de proxénétisme sévissant depuis la Roumanie. Les victimes étaient au nombre d’une trentaine, surtout des mineures, souvent d’origine Rom.
Proxénétisme par internet
Un Aixois de 42 ans a été interpellé le 30 septembre pour des faits de proxénétisme aggravé et de travail dissimulé. Près de 500 femmes le rémunéraient pour passer leurs annonces sur un site Internet. La police a ensuite découvert trois autres sites tenus par le même homme. Au total, les gains du proxénète pour les années 2014 et 2015 s’élèveraient à 65 000 €.