Par leur parole et leurs actions, elles changent la donne. Galerie de portraits de quelques unes des femmes qui constituent le mouvement des « Survivantes contre le silence »
Vednita CARTER
Amérique du Nord
Une pionnière, fondatrice en 1985 de WHISPER (Women Hurt in Systems of Prostitution Engaged in Revolt), puis de Breaking Free en 1996. Elle a été consultante au ministère de la Justice et auprès du FBI, du Congrès américain et des Nations unies. Elle est autrice d’articles et de livres.
Norma HOTALING
Amérique du Nord
Ancienne victime de prostitution et héroïnomane, Norma Hotaling (1951-2008) était une activiste féministe et une militante abolition- niste. Elle fonde à San Francisco Standing Against Global Exploitation (SAGE) en 1992. Elle est restée célèbre pour avoir conçu avec SAGE le premier programme de sensibilisation destiné aux « clients », la « John’s school ».
Rachel MORAN, Irlande
Prostituée de 15 à 22 ans, devenue journaliste, elle a lancé la campagne « Turn off the red light » en 2011 et s’est fortement impliquée dans la campagne pour le modèle nordique en Irlande. Fondatrice de SPACE International, elle travaille avec la CATW et le Lobby Européen des Femmes. Elle a publiéPaid For en 2013.
Fiona BROADFOOT
Royaume-Uni
Prostituée à l’âge de 15 ans et pendant 13 ans, elle a arrêté la prostitution après le meurtre de sa jeune cousine par un « client ».
Elle a fondé en 1996 Street Exit, commencé à délivrer son témoignage à travers la Grande-Bretagne et à assurer des formations sur la prostitution. Elle a milité avec succès pour le retrait des faits de prostitution des casiers judiciaires.
Autumn BURRIS
Amérique du Nord
Fondatrice et directrice de Survivors for Solutions, membre de SPACE, Autumn Burris combat depuis plus de vingt ans l’exploitation sexuelle et toutes les formes de violences faites aux femmes. S’appuyant sur son vécu et son expertise, elle plaide pour changer les législations et améliorer le soutien des victimes. Autumn Burris est une consultante régulièrement invitée par les Nations Unies et plusieurs instances internationales et fédérales.
Grizelda GROOTBOOM
Afrique du Sud
Abandonnée par ses parents, condamnée à la rue dans les townships, vendue à un gang, victime de viols innombrables, prostituée pour des réseaux nigérians, elle se drogue pour supporter son sort. Aujourd’hui elle milite avec Embrace Dignity (membre de Cap international) pour qu’aucune femme n’ait plus à vivre ce qu’elle a vécu.
Rosen HICHER
France
Prostituée pendant 22 ans, révoltée à l’idée que de nouvelles générations de filles puissent être piégées dans la prostitution, elle s’est engagée corps et âme en faveur de la loi de 2016. Elle a su inventer des formes d’action nouvelles pour interpeller les élu.e.s : par exemple une marche de près de 800 km entre les villes où elle avait été prostituée.
Cherie JIMENEZ
États-Unis
Entrée dans la prostitution après un mariage forcé à l’adolescence, sans ressource, devant nourrir son enfant, le désespoir l’a menée vers un parcours de violence. D’abord escort, puis addicte à l’héroïne, elle sort de prostitution en 1990 au bout de vingt ans. Elle reprend des études à l’université et fonde en 2006 l’association d’aide Eva Center (Education, Vision and Advocacy, USA), membre de Cap international.
Fatima KATOON
Inde
Née dans la communauté Nat, une des plus basses castes, vendue et mariée à neuf ans à un proxénète de 40, elle a eu six enfants au sein du bordel où elle était exploitée. Dotée d’une force hors du commun, elle a réussi à instruire ses filles et a contribué à sauver 35 jeunes filles du bordel. Engagée depuis 2004 à Apne Aap, association indienne qui vient en aide aux personnes prostituées, où elle travaille à scolariser les filles de celles-ci. Elle dit fièrement qu’elle est vue dans sa communauté comme une terroriste.
Jackie LYNNE
Canada
Cofondatrice de Indigenous Women Against the Sex Industry (IWASI), qui soutient les femmes aborigènes victimes de violences.
Femme aborigène, victime d’inceste par son beau-père de 12 à 17 ans. Dénonce la violence sexuelle masculine en lien avec la colonisation.
Mickey MEIJI
Afrique du Sud
Inlassable avocate des droits humains, de la cause des femmes et de l’abolition de la prostitution, elle est co-fondatrice du premier
mouvement des Survivantes en Afrique, qui propose un programme de soutien aux personnes prostituées. Elle intervient au sein du Conseil national sida sud-africain. Elle sensibilise les femmes et les jeunes aux dangers de la prostitution pour éviter à d’autres de vivre ce qu’elle a vécu.
Rebecca MOTT
Royaume-Uni
Forcée par son beau-père à regarder de la pornographie très violente alors qu’elle était enfant, prostituée de 14 à 27 ans, souffrant de stress post-traumatique, elle a créé un blog pour réclamer l’abolition de la prostitution et dénoncer politiquement sa violence.
Laurence NOà‹LLE
France
Victime d’inceste puis de proxénétisme à l’âge de 17 ans, longtemps dépendante à l’alcool et aux drogues. Elle est aujourd’hui formatrice en relations humaines et intervient dans des programmes de prévention de la violence, entre autres en milieu carcéral. Elle participe également aux stages de sensibilisation en direction des clients prostitueurs mis en place par la loi de 2016.
Tanja RAHM
Danemark
Agressée par un pédocriminel à l’âge de 10 ans (qui lui a donné de l’argent pour qu’elle se taise), prostituée pendant 3 ans, elle en sort à 23 ans en état de stress post traumatique. Elle est devenue thérapeute, sexologue, enseignante et a publié des livres et de nombreux articles. Elle a fondé une association abolitionniste au Danemark.
Shanie ROY
Québec
Prostituée de 15 à 19 ans, elle travaille avec la Concertation des Luttes contre l’Exploitation Sexuelle (CLES) et est cofondatrice du Collectif d’aide aux femmes exploitées sexuellement.
Retrouvez l’intégralité de notre dossier : « Survivantes contre le silence »
