Un « client » : Les prostituées, un rêve d’enfance

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Cet homme est aujourd’hui âgé d’une soixantaine d’années. Chef d’entreprise, divorcé, il recourt à la prostitution trois à quatre fois par mois, dans la rue, les bars ou les salons de massage, pour un budget moyen de 200 euros mensuels.

Sa première expérience de « client »

Je crois que ça a été un rêve d’enfance. Quand j’étais gamin, dans la ville où j’habitais, il y avait des prostituées partout, partout. Moi, j’avais 14 ans et je voyais ça comme une merveille, vraiment des femmes dans toute l’acception du terme. Et je me disais, un jour, dans pas longtemps j’espère, je vais aller les voir. Et la première fois, je devais avoir 15 ou 16 ans.

Bon, j’avais une copine à ce moment-là, mais c’est fondamentalement différent de ce qu’on peut avoir avec une copine. En plus, moi, j’avais vraiment cette image d’une femme complète sur un plan érotique, alors que les autres, ce n’était que des amatrices.

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Il y a longtemps, je ne me souviens pas du détail, mais enfin, oui, c’était ça. Bon, ça n’a pas été extraordinaire, extraordinaire. J’en suis sorti euphorique. C’était tellement facile ! Et pourquoi ne pas recommencer ? Et comment ça se fait que les gens ne le fassent pas plus souvent ?

Des « avantages » du « libre-service sexuel »

C’est le fait qu’il n’y ait pas de refus et que ça soit immédiat ; moi, ça me semble plus simple ; je trouve que la difficulté est malsaine, dans la mesure où ça procède d’un ensemble d’attitudes, de faux semblants.

Du bonheur des enfants prostitués

En Thaïlande, on ne peut pas faire autrement (…) oui, il y avait des jeunes, il y avait des enfants. À ce sujet, on sait ce qu’il faut penser de la pédophilie qui est une chose assez abominable.

Mais j’ai quand même vu des choses qui donnent à réfléchir ; j’ai vu des petites filles et également des petits garçons qui se prostituaient. Bon, moi, ce n’est pas mon truc ; donc je regardais ça avec un œil plus extérieur et je les voyais souriants, l’air heureux, les adultes avec qui ils étaient avaient l’air bien, etc.

Par contre, j’ai voyagé aussi en Inde et j’ai vu des gosses qui travaillaient dans des ateliers. Eh bien, quand vous voyez la gueule des gosses dans l’atelier et la gueule de ceux qui se prostituent, je me demande lesquels sont les plus malheureux.

Le secret par rapport à la compagne

Je ne lui ai pas dit parce que je ne savais pas comment elle l’aurait pris. Elle se serait certainement cru obligée d’avoir la réaction stéréotypée qu’on a dans ces cas là ; d’abord, de se fâcher, d’avoir une attitude méprisante, dénigrer, de rompre parce qu’il y va de son honneur etc. Jamais de se dire : bon, est-ce que c’était bien ? C’est dommage, je n’étais pas avec toi. J’en ai rencontré très peu qui comprennent ça…

La loi Sarkozy pousse-au-crime

Moi je pense qu’on fait abstraction de beaucoup de choses. Il y a une méconnaissance de la nature psychologique, physique évidemment et des exigences spirituelles des genres de l’humanité. (…) Je pense que les gens qui veulent interdire la prostitution interdisent en même temps la recherche spirituelle.

Et si celle-ci ne peut plus se faire par la sexualité, elle se fera par un autre moyen ; le moyen privilégié, c’est la drogue. Et toutes ces restrictions sexuelles, à mon sens, amènent presque obligatoirement au désespoir et à la drogue.

Donc, le brillant résultat qu’on va obtenir, si on réussit à supprimer ça, c’est qu’il va y avoir des perversions, des mauvais traitements aux enfants. Il va falloir que quelque chose s’exprime. Ce sera soit la drogue, soit vous allez avoir des viols, une criminalité sexuelle…

Du besoin de déréglementer la prostitution

Légalisation et protection, surtout protection réelle.

C’est monstrueux, vous remarquerez, les gens qui sont pour la suppression sont des gens qui visiblement ont une vie sexuelle qui leur convient.

Est-ce qu’ils pensent vraiment à ceux qui sont dans la misère, un désespoir noir parce qu’ils sont trop moches, parce qu’ils sont trop cons, parce qu’ils sont incapables de séduire, ceux-là, personne n’y pense.

Les raisons qui peuvent amener une femme à devenir prostituée

Moi ce que j’ai connu à titre personnel, c’est extrêmement varié. Ça part de la curiosité, des envies érotiques, de l’envie d’expérience, de l’envie d’aller plus loin, du besoin d’argent, de la misère, de la contrainte, par la terreur. Il y a tout ça : soit le plaisir, soit l’obligation, soit le besoin d’argent.

Les raisons qui amènent les hommes à aller voir les prostituées

Je pense que fondamentalement, ce sont les mêmes raisons pour tous. Ces raisons qui sont modifiées par les fantasmes des uns et des autres ou par les perversions des uns et des autres. Le manque, de toute façon, je pense que même si on est avec quelqu’un avec qui ça marche très très bien, il y a quand même toujours le manque. Parce que biologiquement, les hommes ont tendance à avoir le plus de femmes possibles. Le fait d’avoir une femme n’empêche pas le fait d’avoir aussi envie des autres.

Vous n’imaginez pas à quel point c’est vexant de tomber sur des filles qui refusent ou qui hésitent ; il va falloir se mettre sur son 31, il va falloir faire assaut de dialectique. Ca veut dire qu’au départ, elles ne sont pas enthousiastes. Et c’est désobligeant à force, mais vraiment !

C’est comme ça, alors on n’en fait pas une maladie, mais le simple fait de savoir que ce sera oui, c’est quand même une sensation réconfortante.