A part le « o », quel rapport entre porno et écolo ?

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Dans le monde du porno (prostitution filmée), une seule règle : gonfler encore et encore des profits dont on ne peut déjà  plus compter les zéros. Pour y arriver, tous les moyens sont bons. Le site Pornhub vient par exemple d’avoir une idée pour se refaire une vertu et appâter de nouveaux gogos. Comment ? En se prenant subitement de passion! pour l’écologie.

Bouleversé comme on s’en doute par les dangers qui guettent la planète, le géant du porno a lancé une vidéo X où un couple sur une plage s’ébat au milieu d’immondices. On passera sur le contenu pour retenir que le visionnage est censé participer au financement d’une ONG, Ocean Polymers, qui œuvre entre autres à  la propreté des océans.

Le site avait déjà  exploité la même idée avec Beesexual, une chaine de streaming qui, à  chaque visionnage, versait une obole à  une organisation de protection des abeilles. Ce qui n’est pas sans nous rappeler ce bordel allemand qui proposait des tarifs préférentiels aux « clients » venus! à  vélo.

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Pareille farce doit-elle faire rire ou pleurer ? La normalisation porno est déjà  solidement assise et le chiffre d’affaires peu menacé, notamment grâce au concours de pans entiers de la société ; les universitaires par exemple y contribuent activement, eux qui trouvent tellement chic de faire d’une industrie de démolition multi-millardaire une « culture » de liberté et d’émancipation.

Donc, pour sauver la planète, Pornhub préconise de regarder des vidéos de prostitutoin filmée. Ce que ces bienfaiteurs de l’humanité omettent de dire, c’est que la consommation de vidéos en ligne produit à  elle seule 300 millions de tonnes de CO2 chaque année. Selon un rapport du think tank The Shift Project, le numérique émet aujourd’hui plus de gaz à  effet de serre que le transport aérien civil ! Une part qui devrait doubler d’ici 2025. Le poids des vidéos en ligne y est majeur. Comme l’écrit un commentateur, « ça se voit moins que le pot d’échappement de votre voiture, mais regarder une vidéo porno produit du gaz carbonique. »

Une prise de conscience écologique empêche aujourd’hui certains voyageurs de prendre l’avion. Suggérons la même retenue aux amateurs de prostitution filmée, accros à  leur dose de sexe king size et de viols à  répétition. Qu’ils pensent à  peu à  leur empreinte carbone! La planète s’en portera mieux. Ses habitantes aussi.

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Claudine Legardinier
Journaliste indépendante, ancienne membre de l’Observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes, elle recueille depuis des années des témoignages de personnes prostituées. Elle a publié plusieurs livres, notamment Prostitution, une guerre contre les femmes (Syllepse, 2015) et en collaboration avec le sociologue Saïd Bouamama, Les clients de la prostitution, l’enquête (Presses de la Renaissance, 2006). Autrice de nombreux articles, elle a collaboré au Dictionnaire Critique du Féminisme et au Livre noir de la condition des femmes.