Féminicides : La prostitution tue des femmes

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EDITORIAL La prostitution tue des femmes.

Le mot « féminicide » a fait son entrée dans la société de façon fulgurante ces dernières années, sous la pression des associations féministes. Pour autant, le plus souvent, on ne parle de féminicide que lorsqu’ils sont conjugaux. Les meurtres de femmes prostituées, en revanche, restent « des cas à part », largement invisibilisés. Ou ils sont instrumentali- sés par celles et ceux que dérange le fait qu’une loi abolitionniste vienne faire barrage au « libre commerce » des femmes et à ses profits.

la-prostitution-tue-femmesMalgré tout, les perceptions évoluent. En mai 2021, le choc occasionné par la mort tragique d’Anaïs M., étranglée à 18 ans par un « client », a fait entrer dans les esprits l’idée du « féminicide prostitutionnel ». Et un lien a commencé à être établi entre toutes les violences qu’elle a subies, puisqu’a été évoquée la possibilité que la jeune fille ait été vendue à des « clients » par son petit ami proxénète.

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Les opposants à la loi de 2016 vont certes continuer à incriminer celle-ci, notamment lorsque se déroulera le procès des meurtriers de Vanesa Campos, femme trans tuée au Bois de Boulogne en 2018. Contrairement à ce qu’ils prétendent, la loi est du côté de celles qui sont enfin reconnues comme des victimes. La circonstance aggravante de violence envers une personne prostituée, ajoutée à l’émergence du féminicide dans le débat public, font qu’enfin, en 2021, on commence à concevoir l’idée du féminicide prostitutionnel.

Le féminicide prostitutionnel, dans l’immense majorité des cas une femme, par un homme « client », est le symbole même de la violence misogyne. Son expression la plus absolue. Ses auteurs sont les proxénètes, qui s’estiment propriétaires de la femme qu’ils exploitent, et les « clients », qui croient qu’un billet suffit à les affranchir de la responsabilité d’un viol… voire d’un meurtre.

Fondé sur la veille du Mouvement du Nid depuis des décennies, le dossier de ce numéro établit le terrible état des lieux de cette réalité. Souhaitons que l’opinion publique, comme les autorités, prennent conscience de son ampleur et de sa gravité.

Le Mouvement sera partie civile au procès des meurtriers de Vanesa Campos. Il y portera la voix des personnes prostituées et y affirmera l’insupportable réalité du féminicide prostitutionnel, inséparable de la domination exercée par « clients » et proxénètes.

Il rappellera l’importance de l’interdiction d’achat d’acte sexuel, dans la loi de 2016, qui doit être plus largement appliquée.

Lire notre dossier complet -> Féminicides prostitutionnels