La crise sanitaire qui traverse la planète et la France ne fait que renforcer les crises de notre société. Parmi elles, celles de la pauvreté et de la situation critique des femmes victimes de violences. Les personnes en situation de prostitution sont les premières concernées par ces crises. Et depuis mars, les équipes bénévoles et salariées du Mouvement du Nid font tout ce qu’elles peuvent pour faire face, à leurs côtés.
Pour autant, la situation ne peut pas durer. Pour toutes les victimes, de prostitution et de traite des êtres humains. Pour de plus en plus de mineur·es que la banalisation de la marchandisation de la sexualité, la facilitation du proxénétisme par Internet, l’opportunisme des prédateurs, et le « bon droit » de « clients » prostitueurs encore trop peu contesté piègent dans la prostitution.
Que faire ? Quatre ans après l’adoption d’une loi abolitionniste le 6 avril 2016, la loi française n’aurait-elle pas fait ses preuves ? Le bilan publié fin juin par le gouvernement, et la crise sanitaire confirment clairement son bien fondé et sa pleine utilité. La loi du 13 avril n’est pas en cause. Elle prévoit des dispositifs ambitieux et protecteurs pour les victimes, responsabilisant et répressifs pour les agresseurs. Mais elle est très insuffisamment appliquée. La volonté politique manque, le portage et les moyens aussi.
La crise sanitaire, a clairement démontré le cynisme des pays réglementaristes qui, tout en faisant tout pour protéger les proxénètes et les prostitueurs, abandonnent les personnes en situation de prostitution à leur sort sans vergogne. Alors, que faut-il faire ? Il y a urgence politique, d’appliquer la loi avec toute la volonté et les moyens possibles. Il faut aussi que cesse le durcissement de la politique migratoire entamé depuis le déconfinement. Des personnes prostituées et victimes de la traite sont expulsées et empêchées de bénéficier des dispositifs de soutien que prévoit la loi. C’est intolérable.
Il y a urgence sociale, de manière générale, de traiter avec dignité les personnes les plus vulnérables, souvent mineures, de notre société. C’est pourquoi nous ne pouvons que réitérer les demandes faites au moment du confinement par le Mouvement du Nid et d’autres associations. Qu’elles subissent la prostitution pour survivre ou qu’elles soient migrantes ou sans abri, toutes les filles et les femmes, tous les êtres humains vulnérables qui vivent sur notre sol, doivent avoir accès en priorité au soutien de l’État et de la communauté. Personne ne doit être laissé sous le seuil de pauvreté !