Les défenseurs de la GPA véhiculent de nombreux mensonges pour la présenter comme une pratique « cool et tendance ». Mise au point face aux principaux d’entre eux.
1/ La GPA, c’est « juste » une femme qui porte l’enfant d’un couple et qui le lui donnera à sa naissance.
La GPA implique, pour la mère porteuse, un véritable processus procréatif : la stimulation hormonale artificielle, l’insémination ou l’implantation de l’œuf, la grossesse (parfois précédée de fausses couches), l’accouchement, et les suites de couches. Ce processus est suivi de la remise de cet enfant aux personnes « commanditaires ». Ces commanditaires ont fait appel à une agence chargée de sélectionner la mère porteuse et les ovocytes selon différents critères, de négocier ses tarifs et indemnités et de rédiger un contrat posant les termes de la transaction. Ce contrat, très précis et exhaustif, inclut notamment des dispositions contraignantes régissant le mode de vie de la mère porteuse. Tout ce processus implique la rémunération des nombreux intermédiaires (agence, médecins…) et évidemment, de la mère porteuse.
2/ Les femmes qui offrent leurs « services » dans le cadre d’une GPA le font par altruisme. Elles permettent ainsi à des couples de connaître le bonheur de la parentalité.
Les femmes qui vendent leurs « services » dans le cadre de la GPA sont rémunérées pour cet acte. Cette rémunération, dans certains pays, peut être équivalente à 10 années d’un salaire local confortable. Il est donc normal de constater que ce sont les femmes issues des catégories sociales, économiques et ethniques les plus défavorisées qui sont massivement représentées parmi les mères porteuses. Les GPA « altruistes » gratuites sont extrêmement rares (et concernent en majorité des GPA intra-familiales).
3/ Les intermédiaires, en mettant les mères porteuses et les couples demandeurs d’enfants en relation, sont animés par une vocation altruiste.
Les organisateurs, ou intermédiaires, de la GPA ne sont pas des philanthropes ! Ce sont des professionnel.le.s qui ont investi un business très lucratif. Citons plus particulièrement : – Les agences de recrutement et de mise en relation entre mères porteuses et parents en recherche d’enfants; – Les médecins et les cliniques pratiquant inséminations, suivis de grossesse et accouchements; – Les avocat.e.s rédigeant les contrats concernant les liens de parenté entre parents et enfants.
4/ Dans le cadre d’une GPA, la femme qui porte l’enfant n’en est pas la mère. àŠtre mère n’a rien à voir avec le fait de porter un enfant dans son utérus.
Dans la plupart des cultures, devenir mère passe par le fait d’être enceinte (à l’exception de la maternité par adoption). Ce n’est que par l’existence de contrats très précis et antérieurs à la grossesse, que dans le cadre de la GPA et dans certains pays seulement, la femme qui est enceinte n’est pas légalement considérée comme la mère de l’enfant.
Dire qu’une femme qui porte un enfant pendant 9 mois, n’en est pas la mère, c’est nier les liens psychiques et biologiques créés durant la grossesse. La dissociation à l’œuvre dans le processus de séparation mère-enfant lors d’une GPA se lit comme le symptôme d’une profonde négation de soi.
5/ Vendre des gamètes (ovocytes, sperme), louer un utérus, vendre du lait maternel, sont des pratiques acceptables si elles sont consenties, encadrées et rémunérées justement.
Le droit français intègre une notion importante et protectrice qui est la non-patrimonialité du corps humain. Le corps humain et ses produits sont ainsi considérés comme dénués de valeur patrimoniale et ne peuvent faire l’objet d’un commerce. Ce principe légal, et donc aussi moral, a pour vocation d’empêcher toute marchandisation du corps humain. C’est pourquoi, au contraire d’autres pays, il est impossible et illégal en France de faire commerce de parties de corps humains (organes), de ses produits (sang, sperme, lait maternel), ou de louer une partie de son corps (utérus), indépendamment du consentement des personnes.
6/ La GPA éthique est très différente du cas des « usines à bébés » du tiers monde, il faut l’encourager afin de juguler les pratiques abusives.
La GPA « éthique » telle qu’elle est décrite par ses défenseurs, implique des règles très précises et contraignantes. Le Royaume-Uni a légiféré dans ce sens et la GPA y est légale dès lors que la mère a un « niveau de vie convenable », que le processus est intégralement bénévole, que seuls les frais de santé sont pris en charge et qu’aucune publicité n’est faite. La mère porteuse y reste la mère légale de l’enfant et les parents commanditaires ne peuvent se voir transférer la parenté légale qu’entre 6 semaines et 6 mois après la naissance de l’enfant. Ces règles, fort complexes, et le faible nombre de femmes volontaires pour des GPA non rémunérées font que de nombreux parents anglais se tournent vers une GPA à l’étranger, et donc « non-éthique ».
On constate ici que la volonté de « faire éthique » se heurte très rapidement à la loi du marché, de l’offre et de la demande. Et, quand bien même ces « règles éthiques » seraient respectées, doit-on admettre que le corps des femmes, et des enfants soient utilisés et échangés comme des objets, même gratuitement ? Il n’y pas de GPA « éthique ».
7/ Avoir recours à la GPA pour avoir un enfant n’a rien à voir avec le fait d’acheter un enfant.
L’ensemble du processus de la GPA est marchand et le « produit » final de ce processus est un enfant. Impossible de nier qu’il s’agit de la vente et de l’achat d’un être humain.
8/ La GPA permet de salarier les femmes pour le travail reproductif qu’elles accomplissent « gratuitement ». C’est une pratique féministe d’émancipation.
La GPA ne répond pas à un besoin des femmes mais au désir d’une ou de plusieurs autres personnes. Ce n’est qu’une exploitation de plus, sùrement parmi les plus extrêmes, du corps des femmes par des tiers. Nous avons, chez les féministes abolitionnistes, une autre conception de la justice reproductive et d’autres ambitions d’émancipation.