Procès à Bobigny : une réponse pénale ferme

2601

La semaine dernière, le Mouvement du Nid était partie civile lors du procès pour proxénétisme aggravé d’un homme condamné à trois ans de prison dont 18 mois ferme. Un procès qui montre tout l’intérêt de la présence des associations à la barre.

Les procès pour proxénétisme se multiplient. Alors que cette semaine à Nanterre, sept prévenus sont jugés pour proxénétisme aggravé, la semaine dernière, un homme a été condamné à Bobigny à trois ans de prison dont 18 mois fermes pour proxénétisme aggravé et violences.

Il était jugé séparément d’un autre prévenu, mineur au moment des faits. Ils avaient mis en prostitution et exploité des jeunes filles mineures en 2017 dans plusieurs villes de région parisienne, Saint-Denis et Paris. Ayant nié les faits tout au long du procès, affirmant ne pas connaître les victimes, il n’a pas convaincu le tribunal, et a été mis aux arrêts au prononcé du verdict. « C’est intéressant, car il avait des amis dans la salle, qui ont vu ainsi que la justice était capable d’avoir une réponse pénale ferme face à ce genre d’actes  », explique l’avocat Quentin Dekimpe, qui représentait le Mouvement du Nid.

Annonce

Outre la prison, le prévenu a été condamné à du sursis probatoire, avec obligation d’assister à un stage de sensibilisation à l’achat d’actes sexuels, ce qui semble être une première. Et à être inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.

Dommages et intérêts pour les victimes

Par ailleurs, chose rare, une des victimes était présente à la barre. Elle a pu à la fois témoigner des faits et montrer comment on peut s’en sortir après avoir subi de tels actes. Prostituée seulement quinze jours (alors qu’elle avait fait une fugue de son internat d’excellence), elle a réussi à fuir et été très soutenue par sa famille. Celle-ci lui a permis de s’éloigner et de faire une année brillante d’étude aux Etats-Unis avant de passer un an au Mali dont elle est originaire.

Autre point intéressant du dossier, elle a aperçu une autre victime qui assistait à l’audience, et lui a permis -sans l’exposer- de se constituer partie civile avec elle pour demander des dommages et intérêts. «  C’est grâce à Snapchat qu’elle a pu, sur place, lui envoyer les documents nécessaires à remplir, comme quoi le réseau, souvent accusé d’être un lieu de recrutement trop aisé de jeunes victimes, peut aussi avoir un rôle positif  », souligne Quentin Dekimpe. Elles ont toutes les deux obtenu 3 000 euros de dommages et intérêt.

Un nouveau procès qui montre à quel point la constitution de partie civile d’une association de lutte contre l’exploitation sexuelle aide la justice à donner une réponse pénale à la hauteur des faits reprochés, estime l’avocat. « Le procureur de la République est satisfait d’avoir les associations pour appuyer et dénoncer une réalité qu’il ne peut pas toujours développer dans le cadre de son rôle. Cela permet d’apporter un discours plus complet un peu plus profond  », explique-t-il.