… voici lesquelles!
– Abolition n’est pas prohibition
Assimiler l’abolitionnisme au prohibitionnisme est une imposture, colportée par ceux qui cherchent à le discréditer. Un faux-semblant repris à l’unisson dans la plupart des médias, et qui finit par semer la confusion…
Or, là où les prohibitionnistes se contentent de dissimuler la prostitution en réprimant les personnes prostituées qu’ils méprisent et tiennent pour des coupables, à l’inverse, les abolitionnistes se battent pour abroger toute forme de répression à leur encontre.
Et si les abolitionnistes réclament en effet la pénalisation des agresseurs, au nombre desquels ils comptent désormais les « clients », ce volet répressif est inséparable, dans leur démarche, de mesures destinées à limiter son impact sur les personnes prostituées elles-mêmes : indemnisation des victimes du proxénétisme, fonds débloqués pour l’insertion sociale, etc.
– Pour et avec les personnes prostituées
Les abolitionnistes ne sont pas «contre» les personnes prostituées – qu’ils ne jugent ni ne condamnent –, ils sont contre le système qui les exploite, comme le dit la sociologue Marie- Victoire Louis. Mieux, ils sont les seuls à se soucier de leur vécu et des logiques qui les ont enfermées dans la prostitution ; les seuls à exiger pour elles – et en se fondant sur leurs témoignages et leur demande – la mise en place d’un arsenal social pour leur permettre d’envisager des alternatives.
Ce sont les partisans d’un statut qui font le choix de leur enfermement dans la prostitution, où ils pourront les oublier en toute bonne conscience. Et ce sont les mêmes qui écartent du débat la question des proxénètes et des clients prostitueurs, faisant comme si les intérêts des personnes prostituées et ceux des prostitueurs étaient convergents, alors qu’ils sont opposés (comme le prouve entre autres le chantage au préservatif).
L’abolition du système prostitueur est inséparable de la défense des personnes prostituées.
– Morale d’hier ? Non, politique de demain !
L’abolitionnisme, c’est d’abord une volonté de transformation sociale, politique et culturelle, en faveur de l’émancipation humaine et l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. Le système prostitueur y est combattu en tant que système d’exploitation et de domination.
Le fait que cette domination prenne une forme sexuelle permet aux partisans du statu quo de défendre la prostitution au titre de la « liberté sexuelle », et d’accuser les abolitionnistes de vouloir réprimer la sexualité. Une calomnie qui arrange bien les « clients », qui répondent présents, dans les sphères politiques ou médiatiques, pour la répéter à l’envi…
Or, les abolitionnistes travaillent non à interférer sur la sexualité des individus, mais à faire reculer l’exploitation et la violence, au même titre que celles et ceux qui s’engagent dans les combats altermondialistes, contre le racisme ou le sexisme. Leur volonté d’émancipation ne peut s’accommoder de la seule loi qui régisse le milieu prostitutionnel : celle du renard libre dans le poulailler libre.
Trois grands principes
- NUL NE PEUT tirer profit de la prostitution d’autrui, ni organiser ou faciliter la marchandisation du corps humain et de la sexualité ;
- NUL NE PEUT accéder au corps d’autrui et à sa sexualité ou obtenir un acte sexuel contre une rémunération ;
- NUL NE DOIT être réduit à vendre l’accès à son corps et à sa sexualité pour vivre. Vivre libéréE de la prostitution est un droit fondamental.