En 2018, plus de 1 000 personnes ont été reçues lors des permanences d’accueil de la délégation du Rhône (cela représente 490 heures de bénévolat) et 80 d’entre elles ont été accompagnées sur la longue durée (1 088 heures de bénévolat, et 800 heures effectuées par des jeunes volontaires en service civique).
L’accueil et l’accompagnement offerts par la délégation (comme pour l’ensemble du Mouvement du Nid) est inconditionnel, il ne dépend pas de la volonté de sortir de la prostitution. Mais l’équipe remarque que quasiment la totalité des démarches demandées par les personnes visent à trouver la voie d’une sortie définitive de la prostitution. Cet objectif demande à être mùri avec la personne, car il rencontre de nombreux obstacles.
Le premier à franchir, pour les personnes sans papiers : l’obtention d’un titre de séjour. C’est la condition de l’accès au travail, au logement et aux droits sociaux ; d’une vie libérée de la prostitution. Les personnes victimes de la traite pâtissent malheureusement des craintes de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et des apatrides) ou la CNDA (Cour nationale du droit d’asile) qu’elles ne soient instrumentalisées par les réseaux. Ce préjugé justifie souvent un refus et entraîne le maintien dans la prostitution et la traite : un cercle vicieux. La logique de la politique migratoire l’emporte sur celle de la défense des victimes de la prostitution et de la traite. Quant aux personnes en demande d’asile, faute de place dans les CADA, elles recherchent un logement par des circuits officieux, donc très chers.
L’accès au travail, à la formation, est un deuxième obstacle, compliqué par la barrière de la langue. Enfin, le logement : les offres d’hébergement et de logement sont insuffisantes par rapport à la demande. Leurs conditions d’éligibilité rejettent beaucoup de monde à la rue, c’est-à-dire dans une vulnérabilité extrême. Toute la délégation se mobilise pour soutenir les personnes face à ces difficultés, en partenariat avec des structures publiques ou associatives.
Et parce que sortir de la prostitution ne se limite pas à régler la question des besoins vitaux (même si elle est essentielle), nous proposons, quand nous le sentons utile, un suivi psychologique confié à des traumatologues. En effet, les violences et les carences vécues dans et à cause de la prostitution affectent la santé physique, psychique et mentale et fragilisent des facultés nécessaires à l’autonomie.
Au delà de cet aspect spécialisé, l’équipe conçoit son action d’accompagnement sur le mode d’un soutien entier, par une attention la plus disponible possible, pour permettre aux personnes de se livrer un peu, en confiance, et de ressentir considération et affection.