En associant le plaisir
vendu par l’industrie du sexe au mot bourreaux
, la nouvelle campagne du Mouvement du Nid-France s’attaque à un immense mensonge, qui voudrait faire passer la prostitution pour une prestation de service
récréative, un job glamour.
Dans la réalité, les personnes prostituées vivent un quotidien de violence et de peur. Les personnes les plus vulnérables sont sur-représentées dans la prostitution. Si l’opinion publique est familière des réseaux
et des trafics
qui font régulièrement les gros titres, elle méconnaît l’ampleur de l’exploitation qui sévit dans le système prostitueur. Une femme en situation de prostitution est la proie d’une myriade de profiteurs
, explique Jacques Hamon, président du Mouvement du Nid-France. Vigiles, rabatteurs, bailleur complaisant ou gestionnaires de sites “de rencontre”… Qui peut être assez naïf pour croire que les énormes sommes brassées dans la prostitution laissent indifférents les criminels et les profiteurs en tout genre?
Le Mouvement du Nid-France a souhaité, avec cette campagne, évoquer l’envers du décor de la prostitution et des acteurs qui restent habituellement incognito. Le film met en scène la myriade de proxénètes, d’acteurs et de profiteurs qui organisent et tirent profit de la prostitution d’autrui. En effet, tant que perdure la complaisance à l’égard de la prostitution, ces bourreaux
pourront prendre leur plaisir aux dépens des femmes et des enfants. Cette longue chaîne d’exploiteurs prospère sur le manque d’alternatives, de perspective et d’autonomie dont souffrent les femmes les plus vulnérables. Ils sont les fossoyeurs du plaisir et de la liberté sexuelle
, dénonce Grégoire Théry, secrétaire général du Mouvement du Nid-France.
L’association, qui accompagne plusieurs milliers de personnes prostituées chaque année, est témoin d’un proxénétisme aux mille visages. Les revenus prodigieux de l’exploitation de la prostitution sont captés tant par des réseaux criminels que par des organisations terroristes et des criminels ordinaires
, comme le conjoint ou le petit ami qui use de violence psychologique ou physique. Pour l’illustrer, l’agence McCann-Paris a adroitement mis en scène des proxénètes qui ne sont pas des barons du crime mais des hommes banals – à ceci près qu’ils s’enrichissent en organisant la livraison d’une personne prostituée vers un client
.
La responsabilité des “clients” dans cette tragédie vient d’être en toute logique reconnue par le législateur
, remarque Claire Quidet, porte-parole du Mouvement du Nid. Notre rôle, à nous association, est de pousser les gens à interroger leurs stéréotypes: quelle réalité cache cette porte ornée d’un néon? Contrairement à l’immense majorité des personnes prostituées, les “clients” peuvent à tout moment faire le choix de quitter la prostitution, cesser d’être agresseur et complice des proxénètes.