Le Sénat a voté le 28 mars 2013 une proposition de loi supprimant le fameux « article 225-10-1 », celui qui punit le fait, par tout moyen, y compris par une attitude même passive, de procéder publiquement au racolage d’autrui…
Le Mouvement du Nid – France, qui réclame depuis 2003 l’abrogation du délit de racolage (comme il réclame la fin de toute forme de pénalisation des personnes prostituées depuis… les années 1950), ne peut que se réjouir de la volonté, affirmée au cours des débats, des parlementaires d’en finir avec cette injustice, et d’aller plus loin, vers une loi globale d’abolition du système prostitueur.
La répression des personnes prostituées (racolage, arrêtés municipaux…) est le principal facteur d’incohérence des politiques publiques françaises en matière de prostitution. Cette politique révèle la primauté des préoccupations sécuritaires (préserver la tranquillité des riverains, «chasse» aux personnes en situation irrégulière) sur l’accès au droit des victimes du proxénétisme. Injuste, arbitraire, peu opérante contre les réseaux de proxénétisme, la pénalisation des personnes prostituées est aujourd’hui unanimement dénoncée, et le délit de racolage en est le symbole.
Mais allons plus loin : la condamnation la plus sévère et la moins officielle qui menace les personnes prostituées, c’est l’absence d’alternatives pour sortir de la prostitution, en finir avec ce quotidien de violences où elles risquent quotidiennement leur peau.
Les parlementaires l’ont d’ailleurs évoqué dans leurs débats[A consulter sur le site du [Sénat. le 28 mars 2013 : le système prostitueur mérite une politique plus ambitieuse, tout simplement parce que, comme l’a souligné le sénateur PS Philippe Kaltenbach en citant M. François Hollande, les droits et la dignité humaine sont incompatibles avec le fait que quiconque puisse disposer du corps d’autrui au motif qu’il paie[[Extraits de la lettre de François Hollande au collectif Abolition 2012, 17 avril 2012.]]
. Pour la sénatrice CRC Laurence Cohen, la prostitution mérite un grand débat. Selon la réponse, on verra le projet que porte notre société : aliénant ou émancipateur.
Le Mouvement du Nid – France choisit résolument la voie de l’émancipation, celle de l’abolition.