Les personnes prostituées sont toujours les premières à faire les frais des mouvements d’humeur des politiques ; mouvements d’humeur accompagnés de caméras mais dépourvus de toute mesure de fond.
À quand une politique qui voit plus loin que le bout du trottoir ?
Est-ce l’approche des municipales ? La tentation du « coup de balai », inefficace, cruelle et à courte vue reprend du service. À Lille, une première opération « anti-prostitution » en septembre 2007 a conduit à l’interpellation de huit personnes prostituées et aujourd’hui, en février, une nouvelle vague de répression est en cours.
À Orléans, des arrêtés municipaux vont plus loin que les lois actuelles et ont pour unique effet de déplacer la prostitution en périphérie et dans des lieux fermés.
À Lyon, les opérations de police ont relégué les personnes prostituées à la périphérie, empêchant les associations d’apporter leur aide, facilitant les agressions de la part des clients prostitueurs et des proxénètes.
À Lyon, Lille, Orléans… et partout où les personnes prostituées sont en proie à la violence des ces décisions arbitraires, les militants du Mouvement du Nid entendent montrer leur opposition à la loi pénalisant le racolage passif et aux politiques ponctuelles, superficielles et répressives. « Déplacer le problème ailleurs ne règlera rien« , déclare Bernard Lemettre, président du Mouvement du Nid – France. « Il faudrait à la fois intensifier la lutte contre les réseaux et surtout accorder des moyens financiers pour aider les femmes à se sortir de la prostitution. Il faut changer les idées reçues, arrêter de croire que c’est un mal nécessaire! »
Le Mouvement du Nid exige une politique de fond qui, au lieu d’arrêter les personnes prostituées, questionne la pratique des clients prostitueurs et vise directement le proxénétisme.
À chaque fois, les plaintes des riverains n’ont abouti qu’à une opération policière à courte de vue avec convocation de caméras, une politique indigne qui préfère masquer la réalité. C’est pourquoi le Mouvement du Nid juge nécessaire de :
– supprimer le délit de racolage qui pénalise les personnes prostituées
– inclure dans le droit le principe de la responsabilité des clients prostitueurs et la mise en place de sanctions éducatives à leur égard
– appliquer réellement la loi sur la répression du proxénétisme et la fin des complaisances pour ses nouvelles formes moins visibles (salon de massage, bars à hôtesses, internet, petites annonces…)
– proposer des alternatives crédibles et solides à la prostitution et des moyens pour favoriser les démarches de réinsertion