L’association publie également ce mois-ci un ensemble de nouveaux outils pour mieux accompagner les mineur·es en situation de prostitution et agir, massivement, pour la prévention. La prostitution des mineur·es s’est ornée d’un vernis de modernité. Les proxénètes utilisent les outils numériques apparus dans la dernière décennie : réseaux sociaux pour repérer les victimes et publier les annonces à destination des « clients », plates-formes pour organiser la logistique (transport et location d’appartement) et les échanges d’argent.
Mais le phénomène n’a rien de nouveau. Depuis plus de 80 ans, nous constatons – et nous alertons – sur le fait que beaucoup de personnes prostituées ont commencé à être prostituées mineures.Comme toutes les formes de prostitution, il s’agit d’un archaïque système de violence et d’exploitation qui permet à certains hommes l’usage sexuel du corps des filles et des femmes par la contrainte financière. De même que la prostitution des femmes adultes, la prostitution des mineures exploite les vulnérabilités des victimes, dont beaucoup ont été exposées dès l’enfance aux violences sexistes et sexuelles, ou ont été co-victimes de violence conjugale.
Les attentes sont énormes quant à ce plan gouvernemental et nous nous réjouissons que le gouvernement ait décidé de réunir l’an dernier un groupe de travail, auquel nous avons participé et de construire, sur la base de ce travail, un plan interministériel.
Points de vigilance
- que ce plan ne fasse pas porter la responsabilité de la prostitution sur une pseudo prise de risque liée à l’adolescence des victimes : la prostitution des mineur·es n’existe que parce qu’il y a des hommes adultes qui cherchent à acheter des actes sexuels à des filles, les plus jeunes possibles. Nous serons vigilant·es à ce que les « clients », ces hommes qui sont des pédocriminels ne soient pas oubliés dans ce plan.
- qu’il soit en lien avec la politique publique d’égalité entre les femmes et les hommes. La prostitution s’inscrit dans le continuum des violences sexistes et sexuelles. La prostitution n’a pas des causes ou des conséquences différentes lorsqu’on a 17 ou 18 ans. Ces politiques publiques doivent être articulées, faute de quoi, elles ne seront pas efficaces.
- enfin, que les moyens financiers dédiés à la mise en œuvre de ce plan soient suffisants et inscrits dans le PLF 2022. Nous n’avons pas le luxe d’attendre, et les vœux pieux non financés ne servent à rien.
Des outils de sensibilisation et prévention
Nous présenterons lundi 15 novembre notre nouveau film de prévention : il raconte plusieurs moments dans la vie d’une collégienne, Emma, qu’un jeune proxénète et une « fausse amie » rabatteuse cherchent à prendre au piège. Emma n’est jamais forcée à la prostitution, pourtant son horizon se ferme inexorablement lorsque ses persécuteurs exploitent ses failles. Ce court-métrage rejoindra notre série #sexispriceless, 3 vidéos publiées en 2019 et 2020 et qui totalisent près d’un million de vues sur YouTube.
Pour sensibiliser tous les adultes travaillant ou agissant au contact d’adolescent·es, le Mouvement du Nid – France publie une brochure de sensibilisation au phénomène de la prostitution des mineur.e.s avec le soutien de l’Education nationale.
Enfin, pour former les professionnel.le.s de l’action sociale et de l’éducation, nous avons créé en 2020 deux programmes de formation novateurs, destinés à faciliter la prévention, le repérage et l’accompagnement des jeunes en situation de prostitution.Nous sommes à votre disposition pour toute information sur nos analyses et notre travail de terrain.
Clichy, le 12/11/2021