Active sur deux départements, l’équipe de la délégation de l’Essonne est en effectif réduit. Et pourtant, elle est très active dans l’accompagnement des personnes et la prévention.
Elles ne sont que deux bénévoles à accompagner quatorze personnes dans leur chemin de sortie de la prostitution ; il s’agit en grande majorité de femmes nigérianes qui sont hébergées à Grigny, une très importante cité dortoir. « Elles sont logées par leur proxénète dans des conditions effrayantes et sont prostituées pour payer leur loyer (300 euros le lit) », raconte Evelyne Bar, la déléguée.
Les femmes arrivent à la délégation par le bouche à oreille ou y sont dirigées par des travailleurs sociaux du département. Depuis le premier confinement, leur nombre va grandissant.
« On est sous l’eau », constate Evelyne dont la délégation opère sur deux départements, l’Essonne et la Seine-et-Marne. Elle se plaint de ne pas toujours pouvoir compter sur le relais des services sociaux de droit commun. En revanche, la délégation a signé une convention avec le 115 (numéro d’urgence), ce qui permet ainsi d’assurer l’hébergement des personnes.
Une professionnelle du travail social sera embauchée prochainement à la délégation pour aider dans l’accompagnement des personnes. Cette salariée s’intègrera à l’équipe qui est composée actuellement de huit membres, dont cinq d’entre elles ont en charge la prévention et une autre la trésorerie. La délégation aurait besoin de nouvelles recrues.
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Outre les quatorze personnes qui sont en PSP, dans l’Essonne dix autres attendent de pouvoir entrer dans le parcours de sortie de la prostitution,
« Comme nous ne pouvons pas assurer de permanence, les personnes sont reçues uniquement sur rendez-vous », commente Evelyne qui est sur tous les fronts dans l’accompagnement des personnes : rendez-vous à pôle emploi, inscription aux cours de français, recherche de logements…
Essonne : Un bus de prévention à la rencontre des élèves
Pour assurer les actions de prévention dans les établissements scolaires, la délégation dispose d’un mini-bus qui est prêté par le Conseil départemental de l’Essonne. Actuellement, l’équipe visite cinq collèges et/ou lycées par mois.
Sur le stand qui est installé devant le véhicule, l’équipe accueille les élèves et discute avec eux de thèmes portant notamment sur la vie affective et sexuelle. Parmi les membres de l’équipe, une bénévole est une ancienne infirmière qui peut recevoir les élèves en entretien individuel, si nécessaire. L’équipe distribue aux élèves divers documents, des badges, des préservatifs (masculins et féminins )…
« Les chefs d’établissement sont très satisfaits par notre façon de faire », commente Evelyne.
Récemment un proviseur a contacté la délégation : une élève s’était confiée à l’infirmière de l’établissement parce que son « lover boy » l’avait contrainte à se prostituer. La police a été alertée, tandis que la jeune fille a été prise en charge par une psychologue.
Grâce à l’association France fraternité qui mettra prochainement un camping-car à disposition, la délégation pourra également mener ses actions de prévention en Seine-et-Marne.
Un séjour de répit parmi les chevaux
Deux Nigérianes ont entamé cette semaine un « séjour de répit » de cinq jours au sein de la Ferme des Carneaux, à Boigneville. Pour ces jeunes femmes qui sont en attente d’un dépôt de dossier de Parcours de sortie de la prostitution (PSP), ce séjour représente un break dans leur existence précaire et montre leur volonté de s’extraire du réseau. En effet, les nouvelles directives gouvernementales imposent que les personnes en PSP montrent leur désir d’intégration dans la société française. Chaque année, la Ferme des Carneaux accueille en moyenne six séjours de répit pour les personnes accompagnées par le Mouvement du Nid.
Les deux femmes qui ont été envoyées par la délégation de Paris, sont accompagnées par Jennifer, une femme nigériane qui vient d’obtenir son PSP pour une durée de six mois, et qui assurera le rôle d’aide-animatrice.
Doriane, monitrice d’équitation et équithérapeute, travaille quotidiennement avec les deux stagiaires sur leur posture, avec le cheval comme médiateur. Ainsi, les femmes apprennent à devenir un partenaire actif de la relation, à retrouver des capacités sociales, d’empathie. A la fin de la séance, les deux stagiaires participent aux travaux dans l’écurie : entretien des boxs, nourriture et toilette… La découverte des chevaux aide les deux femmes à retrouver des sensations corporelles et à mieux gérer leurs émotions.
Chaque jour, une activité différente est proposée. Ainsi, Mélanie, spécialiste de l’Eco-Reliance (*) organise une balade pour « changer d’air » et savourer la beauté de la nature. Elle aide les deux stagiaires à mesurer leurs avancées, à reconnaître leurs émotions.
Un autre jour, Odile, art-thérapeute rebondit sur ce que les personnes ont ressenti durant cette promenade et les encourage et à l’exprimer en peinture.
Comme « c’est important de favoriser la convivialité », explique Agnès, les deux jeunes femmes disposent de produits africains (patates douces, piment, poisson…) pour préparer les repas que l’équipe partage le midi.
A la fin du séjour, les stagiaires sont invitées à faire le bilan de cette expérience en immersion. Parallèlement, Agnès rédige une attestation prouvant que les stagiaires se sont impliquées dans ce séjour. Un document qui enrichira le dossier de demande de PSP…
https://ecuriesdescarneaux.ffe.com.
(*) Eco-Reliance, quête existentielle de l’homme au sein de la nature.