Les québécoises voient rouge

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Les féministes abolitionnistes québécoises s’alarment de la multiplication des offensives proxénètes au Canada. En 2001 a été déposée en Cour supérieure de l’Ontario une requête visant à faire invalider comme anticonstitutionnels les articles du Code criminel interdisant le proxénétisme, l’incitation à la prostitution et la tenue de « maisons de débauche ».

En Colombie-Britannique, des groupes tentent de faire accréditer par les municipalités de Victoria et de Vancouver des bordels légaux, dont l’un est présenté comme coopératif. Cette initiative vise à satisfaire les hommes, sportifs et amateurs de sports, attendus aux Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver en 2010.

Annonce

La CLES (Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle), créée en 2005, tente de résister. En octobre 2007, elle a déposé un mémoire dans le cadre des consultations de la Ville de Montréal sur la politique visant à l’égalité des sexes.

Elle l’invite à avoir le courage de mettre en place des alternatives pour les femmes et les jeunes exploités dans l’industrie du sexe, à réprimer réellement les proxénètes et organiser des campagnes qui ciblent les « clients » (prostitueurs), assorties de sanctions.

Elle a réaffirmé ses exigences lors de la Journée internationale sur les violences faites aux femmes, le 17 décembre, dénonçant inlassablement la violence psychologique, physique et sexuelle que constitue la prostitution.

Elle a également égrené, en les nommant, la liste des 14 femmes tuées par des hommes dans l’exercice de la prostitution depuis 10 ans en rappellant qu’au moins 5 d’entre elles n’étaient pas des « prostituées de rue » mais exerçaient leur activité dans des clubs, agences ou bordels, ce qui ne semble guère les avoir protégées.

Pour 2008, la CLES a décidé de multiplier les initiatives féministes partout au Québec. Elle travaille notamment à développer des alliances avec les groupes d’entraide de femmes prostituées qui cherchent à échapper à la prostitution, et favoriser la création d’un réseau.

Elle s’emploie aussi à dénoncer l’omniprésence du proxénétisme dans les annonces et la complicité des médias, pour qui cela représente une source importante de revenus. Elle cite l’exemple d’une annonce parue en novembre à Montréal dans les hebdos Ici et The Montreal Mirror. On pouvait y lire :

« Avez-vous ce qu’il faut pour être recruteur d’escort-girl ? Savez-vous comment trouver des filles de grande classe et d’allure mannequin? Dans la rue, métro, magasin, restaurant, boîte de nuit. Nous recherchons des gens comme vous. Nous vous remercions généreusement de 100$ pour chaque femme prête à travailler comme escort-girl. Contactez-nous par courriel seulement… »[[Ici, 25/11/07.]]

Enfin, elle organise, entre autres, une journée des Mille Abolitionnistes le 10 avril à Montréal sur le thème de la traite des femmes. Son but : sensibiliser mille filles et garçons à propos de l’exploitation sexuelle, de l’égalité garçons-filles, du lien entre pornographie et traite, etc.

Une CLES est par ailleurs en formation à Vancouver pour contrer les tentatives de légalisation du proxénétisme pour les J.O. de 2010.