Sirènes : un poème écrit par des personnes prostituées dans le cadre de l’atelier d’écriture de la délégation du Mouvement du Nid du Doubs.
Voilà, nous sommes perdues.
Nous dérivons depuis des heures en
pleine tempête. Le fracas des flots
manque à chaque instant d’engloutir notre frêle esquif.
La panique nous gagne, les efforts
sont de plus en plus désordonnés, le
capitaine gît soul au pied du grand
mât, le barreur tente vainement de
redresser le navire, je constate que
chacune d’entre nous essaye de sauver
sa vie comme elle le peut. Le désespoir
m’envahit en entendant mes
coéquipières s’épuiser une à une. Je
ne tiendrai plus très longtemps.
Tout d’un coup, de ce tumulte me
Parvient un chant strident, hypnotique,
un chant inhabité, sans âme ni
cœur. Pourtant au cœur de la tempête,
il représente mon dernier espoir.
Très rapidement il devient obsession
Et apparaît comme un phare
dans ces ténèbres.
Ce son irritant et vaguement
Menaçant me souffle qu’il me
Mènera vers des eaux plus calmes.
C’est alors que, instinctivement, nous
Reprenons le bateau en main et
suivons le chant.
Je reprends conscience, notre
Bateau est échoué au pied des
Falaises. Nous sommes piégées. Nous
Levons les yeux au ciel et distinguons
Enfin l’origine de cette sinistre mélodie.
De terrifiantes
silhouettes se dressent
à leurs sommets. Des hommes se tiennent là.
Je peux ressentir toute leur
malveillance. Il est trop tard…
Documents joints
Annonce