Longue et infatigable lutte que celle de l’abolitionnisme. En Espagne, le PSOE (Parti Socialiste) remet donc l’ouvrage sur le métier. Un projet de loi en faveur de l’abolition de la prostitution est une nouvelle fois annoncé pour la rentrée 2025 par la ministre de l’Egalité.
Cette nouvelle annonce de la ministre de l’Egalité Ana Redondo est le signe que le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) n’a pas, malgré tous les revers, renoncé à l’une de ses idées phare, l’abolition de la prostitution, désormais présente dans chacun de ses programmes électoraux. Le projet de loi annoncé pour septembre, centré sur la lutte globale contre le sexisme, intégrerait ainsi la question de la prostitution qui en est en effet un pilier majeur.
En attendant, suite à plusieurs scandales, le premier ministre Pedro Sanchez a édicté le 5 juillet une nouvelle règle interdisant aux membres du Parti tout recours à la prostitution, sous peine d’exclusion. « Si nous considérons que le corps d’une femme n’est pas à vendre, il ne peut y avoir de place au sein de notre parti pour aucun comportement contraire. » a-t-il déclaré. Le placement en détention provisoire, fin juin, d’un membre important du parti, Santos Cerdan, avait fait beaucoup de bruit, mêlant affaire de pot-de-vin et recours à des femmes prostituées ; de même que l’affaire touchant un proche collaborateur de Pedro Sanchez, Francisco Salazar, accusé de « comportements inappropriés » par plusieurs femmes.
Son projet de rentrée a-t-il des chances d’aboutir ? Difficile de dire tant le PSOE a connu de déconvenues successives. En 2022, une proposition de loi visant à abolir la prostitution en pénalisant les clients et toute forme de proxénétisme, avait été examinée mais n’avait pas pu aboutir avec la dissolution du Parlement et une opposition virulente. En 2024, une autre tentative de punir notamment le proxénétisme immobilier, n’avait pas non plus eu de suite. Le parlement avait refusé d’intégrer cette dimension à la loi sur la traite des êtres humains.
Pour le moment, les politiques menées en Espagne restent disparates. Si les bordels industriels fleurissent en Catalogne, qui a depuis 2002 libéralisé la prostitution à outrance, certaines villes comme Barcelone, Séville, Bilbao, Albacete ou Leon, ont choisi de prendre des arrêtés prévoyant la pénalisation des clients prostitueurs. Encore est-ce souvent limité à des zones précises, par exemple les zones résidentielles ou les écoles.
En attendant, le flou demeure, et avec lui, dans un pays où plus du tiers des hommes seraient « clients », les formidables profits liés à la séculaire exploitation sexuelle des femmes.