Coup de tonnerre dans le monde des annonces sur Internet. Le FBI vient de fermer, le 6 avril 2018, le célèbre site Backpage.com, fondé en 2004 et particulièrement connu pour ses millions d’offres de rencontres et de « services sexuels ». 7 responsables du site ont été inculpés de blanchiment et association de malfaiteurs.
Backpage, qui dispose de filiales un peu partout dans le monde, y compris en France, n’est donc plus accessible. Au lieu des affriolantes propositions habituelles, le site affiche un communiqué de la police fédérale américaine.
Les autorités fédérales reprochent à Backpage de faciliter la prostitution de mineurs et d’avoir blanchi 500 millions de dollars de revenus générés par les relations sexuelles tarifées.
Selon l’acte d’accusation,« pratiquement chaque dollar qui finit dans les caisses de Backpage est issu d’une activité illégale ».
Depuis des années, Backpage.com, deuxième site américain d’annonces après Craiglist, était dénoncé par de nombreux défenseurs des droits humains comme le premier site de prostitution du monde, ses petites annonces étant utilisées pour proposer des rapports sexuels tarifés impliquant aussi des mineur.es et des victimes de la traite. Un rapport du Sénat américain a ainsi montré en 2017 que le site utilisait des logiciels capables de supprimer automatiquement, et donc sciemment, les indications des annonces montrant que les jeunes filles étaient mineures afin de rendre leur contenu présentable. Et le National Center for Missing and Exploited Children, Centre pour les enfants disparus et exploités, a expliqué au Congrès que près de trois quarts des cas qui lui sont soumis sont liés à des annonces postées sur Backpage.
« Plus aucun enfant ne pourra désormais être vendu pour du sexe par l’intermédiaire de ce site », s’est réjouie la sénatrice démocrate Heidi Heitkamp qui a contribué à rédiger la loi Sesta, adoptée en mars par le Congrès, qui instaure pour la première fois la responsabilité des fournisseurs d’accès Internet quant aux contenus qu’ils publient et la possibilité pour les victimes de les poursuivre devant la justice.
On peut s’attendre à une réaction de la part des partisans d’une « liberté d’expression » sans limites. D’autant plus que cette liberté là est particulièrement rentable. Selon le New York Times, le chiffre d’affaires annuel du site Backpage était en 2014 de 135 millions de dollars.