La délégation du Doubs du Mouvement du Nid est une de nos plus petites délégations mais est de mieux en mieux implantée dans le tissu associatif local. Pendant ce reconfinement, elle fait face comme toutes les délégations à des situations d’urgence inédites.
Des membres de l’équipe sont allées à la rencontre des personnes dans le quartier où elles sont habituellement en situation de prostitution (environ 5 ou 6). Il n’y avait plus personne dans ces rues.
Ingrid, déléguée de l’association dans le Doubs, raconte combien l’isolement vécu par les femmes dans la prostitution en raison des réseaux, rendait leur situation encore plus critique. « Durant la premier confinement, des bénévoles sont allées à leur rencontre ; beaucoup sont des itinérantes que le réseau proxénète transfère de ville en ville et qui logent à l’hôtel. Ces femmes d’origine d’Europe de l’Est (Bulgarie, Roumanie) parlent souvent mal le français et ignoraient les règles sanitaires. Les bénévoles les ont aidées à s’approprier les gestes barrières, et à leur expliquer qu’elles ne pouvaient sortir sans attestation ».
Sarah, chargée de mission à la délégation, explique que l’équipe fait aussi des « maraudes virtuelles » : « Nous envoyons des SMS et des messages par Internet, aux personnes que nous connaissons déjà pour leur proposer de l’aide ».
Des situations critiques
Au premier confinement, une jeune femme victime d’un conjoint proxénète violent avait été orientée par le CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes) local,
« Les bénévoles ont accompagné cette femme dans l’achat de nourriture,lui ont fourni des vêtements et l’ont accompagnée à l’hôtel. Grâce à l’aide financière de la Fondation des Femmes, elle a pu bénéficier de trois semaines et demi de nuitées d’hôtel. Nous avons poursuivi son accompagnement et fait le lien avec les autres partenaires, ce qui lui a permis de trouver un logement stable par la suite, explique Sarah.
Autre cas d’urgence traité par la délégation, celui d’une jeune fille mineure au premier confinement, majeure au second.
« Nous avons également aidé une jeune fille, mineure lors du premier confinement, et qui a quitté son domicile, en raison de vives tensions avec sa famille. Comme elle n’avait pas trouvé de petits boulots, elle a été prostituée sur Internet. Sur les conseils de son assistante sociale, elle nous a rencontrés, alors qu’elle était majeure. J’ai été très frappée par sa détresse qui est due à la crise sanitaire. Le confinement et la précarité l’ont menée à une situation de prostitution à laquelle elle n’aurait sans doute pas été confrontée à une autre période ».
Un réseau de partenaires qui s’étend
Actuellement, la délégation se mobilise beaucoup pour se faire mieux connaître auprès des partenaires du département. Avec la crise, l’association trouve qu’elle n’est encore parfois pas suffisamment identifiée comme interlocutrice. Et pourtant, la plupart des structures ont déjà été confrontées à des cas de femmes en situation de prostitution. Mais la situation évolue : « Nous sommes également très soutenu·es par la Délégation aux droits des femmes qui veille à ce que nous soyons intégré·es dans toutes les réunions sur les violences faites aux femmes (groupes de travail, conférences). La déléguée a également envoyé une fiche aux autres associations pour expliquer notre action et notre mode de fonctionnement ».