La cour d’appel de Montpellier a décidé en avril 2010 de remettre en liberté Stéphane Ruiz, quadragénaire biterrois, dans le cadre d’une enquête ouverte pour viol d’une prostituée.
Ce dernier a purgé un an de préventive pour avoir agressé le 18 mars 2009 une femme prostituée sur une route des environs de Béziers. Sous la menace d’une fausse carte de police, l’homme la contraint à des relations vaginales et anales non protégées avant de prendre la fuite. La jeune femme porte plainte, l’homme soutient évidemment qu’il a payé auparavant.
Qui va bénéficier de la clémence des juges ? L’agresseur.
L’avocat général s’indigne que l’homme ait pu faire de la détention provisoire en attendant un simple examen ADN, finalement négatif. Un viol de prostituée, pas de quoi fouetter un chat, du moment que la jeune femme n’en sort pas avec le sida. Un « simple accident du travail », ose-t-il dire en estimant que « le traumatisme de la victime serait « très léger ».
Le bâtonnier vole à son secours, prenant la défense de l’agresseur : « un dérapage dans une vie rangée ». Une assemblée masculine qui protège le privilège masculin. Bel exemple de justice. Beau déni des violences dont sont victimes les personnes prostituées.
Ainsi va notre justice tant qu’aucune loi n’interdit le marchandage sexuel des femmes et des hommes prostitués, tant que n’est pas posé un principe éthique clair : on n’achète pas le corps d’autrui. En attendant, les explications fumeuses des agresseurs suffisent à convaincre les juges ; et à abandonner les victimes au traumatisme et à l’humiliation.